L’anniversaire du duo Berlinskaya-Ancelle, au rythme d’un programme jazz et glam.
Passionnés du répertoire pour deux pianos et quatre mains, Ludmila Berlinskaya et Arthur Ancelle nous invitaient le 10 mars à la salle Gaveau pour célébrer les 10 ans de leur duo. En première partie de concert, les plus grandes pages du romantisme russe étaient mises à l’honneur. Le couple rend hommage au duo Vitya Vronsky-Victor Babin en interprétant ses adaptations dans un véritable tête à tête enchanteur de pianos et de pianistes – amoureux.
Après la romance, le swing ! En seconde partie, changement d’ambiance, et nouvelle mise en scène pour faire place à un audacieux mélange : l’Américain George Gershwin et le Soviétique Alexander Tsfasman. Nés à quelques années d’intervalle, les deux hommes connaissent des destinées profondément différentes. Pour cette section jazz, le batteur Fabrice Moreau et le contrebassiste Stéphane Kerecki rejoignent le duo Berlinskaya-Ancelle sur scène.
Mais à la fête, une treizième fée s’est invitée et ternit la célébration. La salle à moitié vide a beau acclamer le duo, le conflit russo-ukrainien frappe ici la pianiste d’origine russe, malgré l’appel de la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, à ne pas boycotter les artistes. Le duo avait pourtant témoigné de sa sidération au début du combat : « Dans chaque famille russe, il y a une grand-mère ukrainienne. Et dans chaque famille ukrainienne, il y a une grand-mère russe. » Ce 10 mars, tous deux partagent le micro un peu comme ils partagent le clavier, et soufflent leurs bougies, en faisant le vœu d’en faire « 10 bougies pour la paix ». « Bouleversés » par l’actualité, Arthur et Ludmila rappellent le caractère éminemment précieux des échanges culturels pour la construction d’un dialogue entre les peuples.

Crédit photo : Ira Polyarnaya