Finale du Concours des grands amateurs, le 2 avril à Paris.
La 31e édition du Concours des grands amateurs réunissait 92 candidats venus de 32 pays. Il n’en restait que six lors de la finale du Concours qui se déroulait dans le grand amphithéâtre d’Assas. L’atmosphère d’une compétition qui se veut un « anti-concours », selon les mots de son président Gérard Bekerman, se tend peu à peu pour faire émerger une saine concurrence sous le regard du jury. Respecter les immenses talents de ces six finalistes, c’est aussi ne leur offrir aucune clémence. Six pianistes donc, chacun présentant un programme d’une vingtaine de minutes pour décrocher l’un des quatre prix décernés par le jury, le prix du public et le prix de la presse.
Charl de Wet, professeur de médecine sud-africain et Pierre Hutt, avocat au Barreau de Paris, repartent sans prix du concours malgré de solides performances. Quatrième prix, Sho Yamazaki, analyste politique à l’OCDE, présentait le 6e Nocturne de Fauré et une Fantaisie op. 28 de Mendelssohn défendue magnifiquement. L’occasion de démontrer avec brio que cette pièce de Mendelssohn est un trésor, au même titre que ses Variations sérieuses ou ses Préludes & Fugues. Troisième prix, l’Israélien Din Zohar ose un programme tout Beethoven (Bagatelle op.126, n° 5 ; Sonate op. 10, n° 2). Une récompense amplement méritée, et un rappel à tous les concours du monde qu’un discours aussi consistant, plein de charme et de gravité dans l’opus 10 de Beethoven vaut bien toute la virtuosité d’une « Appassionata ».

Crédit photo : Corentin Schimel
Second prix du jury, et vainqueur du prix du public, Cesare Antonio Grassi, chauffeur de taxi à Rome. Sans doute le plus beau piano du concours : projection, rondeur, éclat, densité. L’Italien brille de décontraction dans Les Jeux d’eau à la Villa d’Este de Liszt, et par sa prise de risque dans un 2e Scherzo de Chopin sans concessions. Au passage, il en met un peu trop à côté. Mais qu’il a du chien, ce piano ! Premier prix du jury et de la presse, Zachary Weiner. L’Américain, informaticien chez Google, s’impose largement par sa maîtrise absolue de l’instrument, sa pureté, son sens du détail. « Autorité », voici un qualificatif pour décrire un piano qui s’est parfaitement exprimé dans le choix de son programme : des extraits des Goldberg de Bach et des splendides variations du Peuple uni de Rzewski. Nous le retrouverons accompagné de l’Orchestre de la Garde Républicaine au gala des grands amateurs le 5 octobre 2023.