Le jeune vainqueur du Concours Reine Elisabeth proposait un 18e Concerto de Mozart grâcieux et solaire aux côtés de l’Orchestre de chambre de Paris.
Orchestre de Chambre de Paris, Direction Thomas Dausgaard
Jonathan Fournel, piano
Théâtre des Champs-Elysées, Mercredi 11 janvier 2023
Pour son premier concert de l’année, l’Orchestre de Chambre de Paris, tout juste remis de la perte récente de son chef bien aimé Lars Vogt, proposait un programme ambitieux mêlant Stravinsky, Mozart et Richard Strauss, avec en soliste invité Jonathan Fournel. Brillant vainqueur de la dernière édition du Concours de la Reine Elisabeth de Belgique, le jeune pianiste français – dont les premiers disques en solo (Brahms) comme en musique de chambre (Franck, Mendelssohn) ont cumulé les récompenses – allait offrir une lecture alerte et raffinée du 18e concerto K.456 de Mozart, créé à Paris il y a tout juste 240 ans.
Fort d’un toucher velouté et d’une pudeur naturelle, il démontrait un classicisme très pur, jamais précieux ni maniéré, plein de grâce dans le poignant Andante, tout en démontrant une aisance et une juste prise de risque dans l’étincelant finale. En parfaite complicité avec l’orchestre, sans la moindre dureté, son jeu perlé (évoquant le jeune Perahia), alliait vivacité et élégance, élan et humilité, autant dire tout ce qu’il faut pour jouer Mozart.
En préambule, la Suite Pulcinella de Stravinsky, donnait à Thomas Dausgaard, l’occasion de démontrer sa vaste expérience. Dans cette audacieuse composition néoclassique, empruntant ses thèmes à Pergolèse, on put apprécier pleinement le jeu pittoresque des instruments solistes, comme la recherche de couleurs dans une vision enjouée, sous la gestique aussi distinguée que précise du chef Danois.

Crédit photo : Joachim Bertrand
C’est la non moins savante Suite du Bourgeois Gentilhomme de Strauss qui occupait la seconde partie. Dans cet imprévisible puzzle, théâtral et plein d’humour (hommage à Molière oblige), tour à tour néoclassique citant Lully, puis d’un lyrisme viennois, parsemé de clins d’œil y compris à Wagner, orchestre et chef firent état d’une étonnante souplesse. Maîtrisant les innombrables combinaisons instrumentales, autant que les complexités rythmiques, Dausgaard sut finement modeler ses neuf mouvements, chacun des pupitres donnant le meilleur de lui-même, une mention particulière revenant aux très exigeants solos de la violoniste Deborah Nemtanu et du violoncelliste Benoit Grenet. Belle réussite.