Pianiste, mais aussi apprenti chef d’orchestre et compositeur, il possède à 21 ans tous les atouts pour se hisser au sommet.

Un remplacement au pied levé pour un programme Ravel à la Scala-Paris en décembre dernier a mis en lumière le talent singulier de Gabriel Durliat ; un rapport à la musique, très global, et un sens harmonique, incroyablement aiguisé, qui se comprennent mieux en observant le parcours d’un artiste né en 2001.

Une année de solfège avant de commencer le piano ? La chose en découragerait plus d’un. Il n’en sera rien pour celui qui, il est vrai, rencontre un professeur conscient de ses aptitudes. Très tôt, il l’initie à l’harmonie : improvisation, composition, le contact avec le clavier s’établit par ce biais. Harmonie et… direction ! Car le professeur est aussi en charge de l’orchestre du conservatoire de Bourges : vers 11-12 ans, Gabriel Durliat a la chance de faire ses premiers pas en tant que chef. Vient alors le moment de se mettre sérieusement au piano, sous la conduite d’Olivier Yvrard, jeune professeur ancien élève de Denis Pascal : l’adolescent progresse à grands pas, guidé par un pédagogue qui lui fait comprendre que « l’exigence n’est pas contrainte mais voie vers l’épanouissement ».

Son prix de piano en poche – avec en parallèle des études générales absolument normales –, Gabriel Durliat écoute les conseils de Denis Pascal et décide de tenter l’entrée au CNSMDP. Sans être passé par l’habituelle case CRR, le jeune homme intègre en 2017 l’établissement de La Villette, en piano et en écriture.

Crédit photo : Dominik Falenski

Un « coup de foudre musical » l’attend : la rencontre avec Hortense Cartier-Bresson – « très clairement la personne à qui je dois le plus », reconnaît-il. La professeure comprend à quel musicien atypique elle a affaire et s’adapte à lui. Elle lui fait reprendre des bases techniques, mais le marque avant tout par son rapport à la musique « fait de passion, d’intransigeance et d’humilité face au texte ». Elle initie ses élèves à la langue des compositeurs et, parmi un répertoire varié, Gabriel Durliat garde de grands souvenirs attachés à Bach, Beethoven, Liszt et Chopin.

À cette rencontre déterminante s’ajoutent celles, non moins essentielles, de Thierry Escaich, avec lequel une profonde connivence humaine et musicale s’est établie ; de Jean-Frédéric Neuburger, dont les capacités hors normes fascinent Gabriel Durliat, autant que sa culture et sa curiosité musicales – immenses – l’enrichissent ; de Guillaume Connesson et « sa prodigieuse science de l’instrumentation » aussi. Et pour compléter les acquis du CNSMDP, l’Académie Jaroussky, par l’intermédiaire de Cédric Tiberghien, apporte depuis la rentrée 2022 au jeune artiste une dimension « coaching », nouvelle et très complémentaire de l’enseignement du Conservatoire.

Quant à la direction d’orchestre, elle est plus que jamais présente dans l’activité de Gabriel Durliat : admis à la Malko Academy de Copenhague en septembre dernier, il s’y rend tous les mois, pour conduire l’Orchestre de la Radio du Danemark et travailler avec des maîtres tels que Fabio Luisi ou Herbert Blomstedt. Enfin, s’il a délaissé la composition pendant ses études, le jeune musicien y revient désormais : année Fauré, 2024 verra la publication d’un enregistrement (Scala Music) où le transcripteur et le compositeur nous réservent une belle surprise. Patience…