Prix Pianiste au Concours Piano Campus en 2022, l’année de ses 20 ans, l’artiste confirme jour après jour les espoirs que notre magazine plaçait en elle.

Une famille de bons musiciens amateurs, les sonorités du piano au quotidien dès le plus jeune âge : Bella Schütz suit tout naturellement l’exemple de ses parents. Le potentiel de l’enfant se révèle aussi grand que son appétit de musique : Branka Balevic-Gasparian va vite prendre le relais et l’accompagnera jusqu’à l’entrée, à 15 ans, dans la classe d’Yves Henry au CRR de Paris – où elle étudie déjà la clarinette depuis 2010 !

Après des débuts avec une pédagogue formée à l’école russe, l’adolescente se trouve pour la première fois en contact avec un professeur inscrit dans la tradition française, et passionné de surcroît par les instruments historiques. Profitable rencontre : « Yves Henry travaille beaucoup avec l’harmonie. Il m’a appris des techniques qui continuent de m’aider à imaginer l’architecture d’une pièce, chez Chopin en particulier. Quant à la découverte des pianos anciens : ça ouvre les oreilles, et les yeux ! » Oubliée l’école russe ? Aucunement ! Depuis l’âge de 11 ans, Bella Schütz rencontre régulièrement Tatiana Zelikman (et continue de le faire aujourd’hui encore), elle revient souvent aussi aux enregistrements de Richter – « jamais de fautes de goût, toujours l’interprétation juste : une grande source d’inspiration » – Guilels et Sokolov, trois grandes références, auxquelles s’ajoutent Gould et Pollini.

Crédit photo : Innovaxiom

Avec une partie de sa famille à Salzbourg, Bella Schütz ne ressent aucune sensation d’exil lorsque, au sortir du CRR, elle décide d’aller étudier au Mozarteum. Elle y trouve tout au contraire un autre « chez soi », et ne profite que mieux des conseils de Jacques Rouvier, « incroyable pédagogue qui sait rendre immédiatement compréhensible ce qu’il explique ».

Après ces trois années salzbourgeoises, la jeune femme parachève désormais sa formation entre Vienne et Berlin, avec deux professeurs allemands. Jan Jiracek von Arnim d’une part, grand spécialiste de Beethoven, la relie à la tradition allemande, avec un enseignement très axé sur l’architecture, tandis que, dans la capitale allemande, Björn Lehmann, ancien élève de Klaus Hellwig, la confronte à un travail fondé sur l’émotion, « très libérateur » confie-t-elle. Idéale complémentarité.

Un coup d’œil sur le répertoire de Bella Schütz révèle une remarquable curiosité. Ne retenir que quelques noms ? Bach, Chopin, Beethoven et Ravel, dont la musique lui va « droit au cœur », seraient sans hésitation ses élus. Quant à la musique de chambre, la pianiste la cultive depuis 2021 au sein du Trio Callas, qu’elle a fondé avec la violoniste grecque Arieta Liatsi et le violoncelliste brésilo-japonais Lucas Garcia Muramoto. Le Trio n° 2 de Chostakovitch a scellé leur entente et, dès 2022, le prix ProQuartet est venu les encourager. Après Piano Campus l’an dernier, elle se prépare au Concours international de Lyon en juillet prochain, puis au Concours Szymanowski de Katowice à la rentrée, perspective qui l’amène à apprendre, avec un plaisir visible, nombre de pages du compositeur polonais. Et si le besoin se faisait sentir de trouver un moment de détente, elle laisserait volontiers s’exprimer son goût pour le tango ou, si un musée était à sa portée, pour la peinture, avec un net penchant pour la Renaissance italienne.

Bio express

2002 Naissance à Paris

2010 Admission au CRR de Paris en clarinette

2017 DEM de piano au CRR de Paris

2022 Reçoit 4 prix spéciaux au concours Piano Campus, Bachelor de piano au Mozarteum de Salzbourg

 Ses actus

12 juillet Récital à l’auditorium du Musée Guimet, Festival européen Jeunes talents

15 juillet Récital au Festival de la Rivoire

16 août Trio Callas au Kitzbühel Sommerkonzerte (Autriche)