Lars Vogt nous a quittés le 5 septembre 2022. Dans ce dernier disque, il se met au piano pour jouer les Concertos pour piano n° 1 et n° 2 de Felix Mendelssohn, dirigeant depuis le clavier.
Bien que dans ses deux concertos pour piano Mendelssohn n’ait pas atteint l’inspiration miraculeuse du second pour violon, l’un et l’autre s’avèrent des œuvres de caractère, un rien frivoles, réclamant vélocité et fluidité, mais aussi tact et légèreté au service d’un romantisme qui supporte mal d’être forcé. Lars Vogt, à la tête de l’Orchestre de chambre de Paris – qu’il a désormais fait sien en lui offrant une nouvelle jeunesse – propose ici des deux pages, une vision d’esprit chambriste. En rendant pleinement justice à l’énergie jubilatoire, à ce brio sans ostentation et à cette fraicheur si propres à l’auteur, il fait état d’un panache subtil et jamais pompeux. En musicien de chambre accompli qu’il est, le pianiste trouve un juste équilibre avec les cordes et les vents qui l’entourent, tant dans les mouvements lents, aux climats cajoleurs de Romances sans paroles, que dans les furtifs prestos. À côté d’une agilité digitale exemplaire, il y démontre fantaisie, dynamique et précision, tandis que l’orchestre se montre partout cohérent, réactif et investi. Une réjouissante alternative aux versions légendaires, signées en leur temps par Rudolf Serkin ou Murray Perahia. Le tout enrichi du rare Capriccio brillant.

Mendelssohn
Les deux concertos pour piano. Capriccio brillant
Lars Vogt (piano et direction)
Orchestre de Chambre de Paris
Ondine