La coordination est un des grands challenges au piano. Les compositeurs s’amusent à jouer avec l’écriture instrumentale pour décaler mélodie et accompagnement. Avant d’être l’emblème du jazz, la syncope est un outil d’expression utilisé par les plus grands musiciens.

Exercice 1

Tout décalage mélodique qui prolonge une note d’un temps faible à un temps fort est une syncope. Beethoven l’utilise par exemple dans la Sonate n° 6 aux mes. 5-6-7, mais également dans l’exemple ci-contre, à la mes. 21, agrémentée d’un accent sforzando « sf ». Nous avons ici le rythme caractéristique de la syncope. Placez au crayon les pulsations dans l’exemple ci-contre et remarquez comment le rythme enjambe le deuxième temps de la troisième mesure. Le deuxième temps semble anticipé pour créer ce sentiment d’élan mélodique.

Exercice 2

En s’inspirant de l’exemple précédent, écrivez votre syncope ! Voici les mes. 27 à 30. La mélodie serait ennuyeuse écrite ainsi. Amusez-vous à changer le rythme des quatre notes en rouge pour obtenir une syncope. Attention, commencer par une croche comme dans l’exercice 1 n’est pas la solution retenue par Beethoven. Si ce n’est pas un rythme raccourci, peut être est-ce un rythme prolongé !

Exercice 3

Dans un style plus jazzy, le jeu rythmique des syncopes fonctionne aussi à petite échelle comme dans les deux premières mesures de Golliwogg’s Cake Walk de Debussy. L’essentiel est de donner un caractère dansé. En opposition à Beethoven, la syncope est ici piquée, donc très courte. Mais il convient de ne pas précipiter le rythme pour bien garder la prolongation de la deuxième note.

Conclusion

Cherchez l’élan et le jeu avec la pulsation ! La syncope a une fonction rythmique et mélodique. Les compositeurs l’utilisent pour animer un discours et trouver une expression naturelle. Accentuée ou non, elle traduit un effet de liberté rythmique. Beethoven saura vous surprendre avec la troisième variation du deuxième mouvement de l’opus 111. Écoutez et savourez !