L’harmonie est un sujet très riche. Tout discours musical tonal se construit grâce à une succession d’accords qui synthétisent les notes réellement jouées. Même si la note la plus grave, la basse, est très importante, elle ne détermine pas forcément l’identité d’un accord. Nous vous proposons ici un exemple de lecture harmonique du début de la première Arabesque de Debussy.

Définition

Pour pouvoir nommer un accord, comprenons comment il se forme. Les accords à trois sons ont un état fondamental et deux renversements possibles selon la note placée à la basse.

  •  L’accord de quinte (tierce et quinte) aussi appelé « accord parfait » : écrire 5 sous l’accord.
  • L’accord de sixte (tierce et sixte) : écrire 6 sous l’accord 
  • L’accord de quarte et sixte (quarte et sixte) : écrire 6/4 sous l’accord

Le chiffrage indique les intervalles entre la note de basse et les autres notes de l’accord. Ce sont des conventions pour spécifier le renversement. L’identité d’un accord est donc indépendante de son renversement. L’exemple ci-contre présente trois fois un accord de do majeur.

Exercice 1 : Claude Debussy,  Arabesque n° 1

L’accord de sixte offre une grande douceur, comparé à l’état fondamental. L’ambiguïté de ce renversement, son aspect moins affirmatif que l’accord
de quinte est beaucoup utilisé par les compositeurs. Il va être privilégié par Debussy dans sa première Arabesque pour piano en mi majeur. Voici une réduction en accord des six premières mesures. Nommer les accords en faisant attention aux altérations à la clé ! Petite information supplémentaire : un accord à quatre sons à l’état fondamental s’appelle un « accord de septième ». 

Exercice 2

Le renversement de quarte et sixte est très instable. C’est le plus éloigné de l’état fondamental. Il n’existe pas seul et est très souvent suivi d’un accord de quinte. Prenez le temps de jouer et d’écouter un accord de quarte et sixte et le même accord à l’état fondamental. Lorsque vous croisez ce renversement dans une partition, il faut chercher l’accord suivant et ne pas alourdir le discours.

Conclusion

Le principe des renversements est essentiel dans la musique tonale. Lorsque les compositeurs modernes tels que Debussy s’en emparent, la fonction discursive des accords est abandonnée au profit de leurs couleurs propres. Identifier et ressentir leur force est une étape importante dans le travail des œuvres !