Avant l’invention de la forme sonate (de l’italien sonare, « faire sonner »), de nombreuses pièces instrumentales étaient nommées « suites» (de danses), et suivaient plus ou moins le même canevas : prélude-allemande-courante-sarabande-menuet-gigue. La sarabande est la danse la plus lente de la suite. Elle a un caractère grave et recueilli, en particulier quand elle est en mineur. L’appui expressif de la sarabande est souvent placé sur le deuxième temps de la mesure. Ici l’appui a lieu toutes les deux mesures (voir exemple mesures 1 et 2). Visez la deuxième blanche, et créez également la tension avec l’octave descendante à la main gauche. Jouez vraiment le silence après cette tension, pour ensuite détendre progressivement la deuxième mesure. Cette oscillation par deux mesures est présente dans toute la pièce, et culmine à l’avant-dernière mesure de chaque section (mesures 15, 31 et 47).
Exemples mesures 1 et 2 :
Variation 1 : l’entrée de la troisième voix avec sa quarte ascendante renforce la tension sur le deuxième temps. Attention aux notes longues, souvent injustement oubliées par les pianistes dans le contrepoint baroque : elles sont la clef de voûte de l’édifice. Écoutez-les jusqu’à leur résolution.
Variation 2 : la basse devient « ground », c’est-à-dire un flot continu de noires. Ne soyez pas métronomique pour autant et gardez cette tension/ détente sur deux mesures qui va faire fluctuer le rubato de votre main gauche.