Pour jouer avec plaisir, avec suffisamment de savoir-faire et de musicalité, il faut s’appuyer sur les fondamentaux de la technique du piano. Dans cette nouvelle formule, nous vous proposerons, à chaque numéro, de retrouver ces grands principes qui pourront vous aider à interpréter n’importe quelle œuvre.
Morphologie de la main
Nous avons cinq doigts dans notre main, mais ils sont très inégaux les uns par rapport aux autres. D’abord, la longueur : nous avons trois doigts plus longs, les 2e, 3e et 4e doigts et deux doigts courts : le pouce et le 5e doigt.
L’épaisseur : le pouce et le 3e doigt sont des doigts plutôt « lourds » et pesants, tandis que le petit 5e doigt est plus naturellement fragile. Quant au 4e doigt, il est entravé par son muscle qui croise avec celui du 3e doigt, et l’empêche donc de se relever aussi haut et aisément que les autres.
Et enfin, l’un des doigts a une place toute particulière : le pouce, très différent des autres doigts car il leur est opposable.
Les doigts extérieurs
RÈGLE N° 1 : en jouant du piano, apprenez à utiliser vos doigts extérieurs de la main, les 4e et 5e, et à les rendre aussi mobiles que les autres. Ils doivent petit à petit devenir aussi agiles et sensibles que la pince (constituée d’une part du pouce et, d’autre part, des quatre autres doigts) qui nous sert à saisir les objets. Si nos doigts externes sont insensibles et sans vie propre, notre main s’écroule du côté du petit doigt.
Il faut développer particulièrement la mobilité et la résistance de ces doigts extérieurs de la main, 4e et 5e, car c’est précisément à ces doigts que sont souvent confiées des parties essentielles de la musique : à la main droite, la mélodie, le sommet aigu des phrases ; et à la main gauche : la basse, qui est la fondation de la musique.
RÈGLE N° 2 : plus vous cultiverez la résistance de votre 5e doigt à l’endroit du métacarpe (en formant un angle droit avec la main), plus vous pourrez faire chanter le piano. Cela développe ce petit muscle qui est sur la tranche extérieure de la main, et que certains plaisantins appellent « le bifteck du pianiste ».
RÈGLE N° 3 : la basse en musique (la ligne des basses) est très importante, et c’est pourquoi il faut développer aussi à la main gauche cette résistance des doigts extérieurs (5e et 4e) Un jeu sans basses s’écroule comme une maison sans fondations.
Les doigts internes
Simultanément, les grands pianistes savent relaxer leurs doigts internes de la main, dans le but d’atténuer les parties internes, et de laisser surplomber le chant.
Pour diminuer une partie dans la main, la partie d’alto, par exemple, apprenez à détendre, à relaxer les doigts internes de la main qui jouent cette partie. Pour autant, ne négligez jamais ces parties du milieu : sachez les chanter, contrôlez leur poids, et écoutez-les aussi en jouant, sinon toute votre main s’écroulera, elle perdra son assise dans le clavier. Position de main et écoute de la musique vont toujours ensemble !
Inégalité de longueur
RÈGLE N° 4 : il faut surtout éviter de jouer le 4e doigt tout plat et tendu devant la main, ce qui la mène à s’écrouler. Aucune note ne peut sonner correctement s’il n’existe pas un peu de hauteur sous le doigt, une sorte de caisse de résonance sous la main. Le 5e doigt est beaucoup plus court que le 4e. Dès lors, si l’on veut couler le poids de la main avec legato de l’un à l’autre doigt, il faut tendre au maximum notre 5e doigt, le rendre le plus long possible et arrondir un peu notre 4e doigt. C’est lui, s’il est un peu arrondi comme une arche, qui permet de ménager la caisse de résonance sous la main.
Pour résumer
On joue du piano avec nos dix doigts, et non pas seulement avec la « pince » (pouce + quatre doigts) qui nous sert à saisir les objets dans la vie de tous les jours.
➜ Développez la sensibilité tactile, la mobilité, l’indépendance et la résistance de vos doigts extérieurs de la main : 5e, 4e et 3e doigts, car c’est à ceux-ci que sont souvent confiées les parties musicales essentielles de la musique, celles qui « l’encadrent » : la basse et le chant.