☞ NIVEAU MOYEN / CD PLAGE 4-6
Peu de pianistes n’ont jamais posé les doigts sur la partition de la Petite suite de Claude Debussy, œuvre de jeunesse écrite en 1888. Cette pièce a connu une grande popularité grâce à son orchestration réalisée par Henri Büsser. Mais quelle merveille de pudeur, de raffinement et d’économie de moyens dans la partition originale à quatre mains. Et n’y entendons-nous pas déjà les instruments de l’orchestre, tellement l’écriture est évocatrice ? Regardons d’un peu plus près En bateau, la première des quatre pièces composant cette Petite suite. C’est une douce barcarolle ondoyante qui s’anime en son milieu.
➜ On travaillera avec soin la partie d’accompagnement du thème de la flûte (à la main droite de la partie prima). Une pédale fine aérera le deuxième temps, et la main gauche de la partie prima sera jouée sans sécheresse, dans le flux des doubles de la partie seconda. Debussy indique un phrasé par deux mesures et on évitera un accent sur le premier temps de la deuxième mesure en évoquant plutôt un balancement. Les crescendos seront joués sans exagération, il règne ici un climat de
sérénité légèrement empreint d’une douce nostalgie. Les rythmes en trois pour deux (mesures 15 et 16 par exemple) seront joués avec souplesse sans caractère trop rythmique. Les staccatos (par exemple mesures 14 et 15 ou bien 22 et 23) seront sans sécheresse. La partie centrale est plus vigoureuse mais on sera attentif à la qualité de la sonorité qui ne devra pas être trop verticale. La musique s’anime et le rythme pointé sera joué avec esprit et détermination.
➜ On sera bien attentif au pianissimo de la mesure 47 à la fois mystérieux et spirituel. Une grande progression de la mesure 53 aboutira à un forte à la mesure 59 dont on soignera le legato et la souplesse du phrasé plus lyrique. La transition qui amène le retour du thème initial est d’un grand raffinement. On travaillera de manière indépendante les doubles qui coulent de part en part des quatre mains de la mesure 75 à 85. Le flux doit être régulier, continu et souple.
En bateau de Debussy, par Claire Désert et Emmanuel Strosser
La masterclasse
L’interprétation
➜ À partir de la mesure 97, la musique s’éloigne dans un ralenti progressif que l’on n’exagérera pas. Il s’agit d’éviter toute pesanteur pour clore cette pièce comme suspendue.