☞ NIVEAU AVANCÉ / CD PLAGE 12
Concerto K 466 de Mozart, par Shani Diluka
Pour reprendre les mots de Reynaldo Hahn, Mozart a ce « don céleste qui rajeunit les cœurs ».
En l’occurrence, le thème de cette Romance (terme rare chez Mozart) en si b en est une illustration parfaite, miroir inverse du ré mineur de Don Giovanni qui entoure ce mouvement. On imagine la dualité d’un tableau de Holbein : du sombre et tragique premier mouvement, à la lumière et à la tendresse de ce deuxième mouvement. Surgit de ces tierces, un duo amoureux digne de ses plus beaux opéras.
➜ Ces accords parfaits et cet absolu harmonique entre tonique et dominante, ne laissent en rien présager de la tempête et du déchirement qui vont suivre au cœur de ce mouvement. Soit la conscience d’une sérénité relative et éphémère car les ténèbres ne sont jamais loin.
La masterclasse
Cette lumière aveuglante venue des failles de l’âme et de l’esprit côtoie toute son œuvre : comme dans La Flûte enchantée entre le sombre Zarastro et la pure Pamina, la glaçante Reine de la Nuit ou le candide Papageno.
Beethoven fut marqué par ce concerto et en disait : « Cette œuvre (…) évolue de l’orage à l’accalmie, de l’anxiété à l’espérance, avec des contrastes beaucoup plus marqués qu’auparavant. D’une immense importance historique, ce sombre concerto est presque autant mythe qu’œuvre d’art. » Il fascinera de nombreux compositeurs : Brahms, Clara Schumann, Beethoven écriront des cadences pour cette partition.
➜ Il y a, dès le thème principal, un travail de quatuor à cordes à recréer avec nos doigts (réminiscence consciente des instruments choisis par Mozart pour ce thème coloré par les bois), une polyphonie des voix et des durées (notes longues et legato en même temps que les staccatos de la basse piquée). La vocalité des thèmes n’a d’égal que les plus grandes arias de Mozart, d’où un soin particulier au chant des intervalles soutenu par le cœur battant de l’orchestre qui donne une pulsation intérieure et éternelle tout au long de ce déploiement mélodique et prodigieux.