NIVEAU SUPÉRIEUR/ CD PLAGE 11
« Daisies » signifie « petites marguerites ». En Russie, la floraison de ces fleurs dure assez longtemps. Il existe même des champs entiers de marguerites. Daisies est issu d’un cycle de six pièces de mélodies russes, 6 poèmes op. 38, composées en 1916.
À cette période, Rachmaninov est en plein apogée de sa création. C’est au cours de ces mêmes années qu’il écrit ses Études-tableaux. En 1940, alors qu’il vit aux États-Unis, il revient sur ces très belles mélodies pour écrire lui-même une version de Daisies pour piano seul. C’est assez émouvant de savoir qu’il a voulu reprendre cette pièce à la fin de sa vie. C’est une page qui me touche beaucoup. Notre rapport aux partitions de Rachmaninov est très particulier car nous pouvons l’écouter lui-même jouer ses propres œuvres. Et je vous incite à le faire : il se dégage une telle vit aux États-Unis, il revient sur ces très belles mélodies pour écrire lui-même une version de Daisies pour piano seul. C’est assez émouvant de savoir qu’il a voulu reprendre cette pièce à la fin de sa vie.
C’est une page qui me touche beaucoup. Notre rapport aux partitions de Rachmaninov est très particulier car nous pouvons l’écouter lui-même jouer ses propres œuvres. Et je vous incite à le faire : il se dégage une telle évidence du jeu, un tel naturel. Tous ses enregistrements m’inspirent !
Dans Daisies, il faut parvenir entre les lignes à trouver l’émerveillement que procure l’arrivée des marguerites. Comme un rayon de soleil. C’est une page très imagée qui représente un tableau de la nature russe et de sa lumière.
La masterclasse
L’interprétation
Daisies, de Rachmaninov, par Claire-Marie Le Guay
La difficulté la plus grande de Daisies réside dans la polyphonie. Elle n’est pas moindre et elle est présente dans toute la pièce. Il faut distinguer trois voix. Le chant passe d’une voix à l’autre, ce qui est très caractéristique de l’écriture de Rachmaninov. Deux voix sont jouées à la même main. N’oublions pas que le compositeur avait de très grandes mains ! Cela l’aidait beaucoup pour le legato, la polyphonie, les déplacements et les accords de 9e si présents dans son écriture.
Je recommande de travailler la polyphonie voix séparées, puis par deux voix (1re et 2e, 2e et 3e etc.), la dernière étape étant de jouer les trois en même temps, en gardant le contrôle de l’écoute des trois voix. Une fois cet aspect maîtrisé, il faut chercher à se rapprocher le plus de la voix humaine, du chant. Essayez de chercher les sonorités de la langue russe, celles du poème d’Igor Severyanin qui a inspiré la mélodie originale. La diction d’une langue influe sur l’articulation, le rythme. Sur la partition, Rachmaninov écrit l’indication « dolce ». On peut penser que c’est doux dans le sens « caressant comme un tissu doux ».
Or ici, je préfère le comprendre en le rapprochant du sens italien du mot « dolce » : « savoureux ». Savourer cette douceur, cette nature magnifique. J’aurai enfin deux derniers conseils : je recommande d’écouter le cycle entier des Poèmes op. 38 de Rachmaninov et d’être très attentif aux enchaînements. Ils guident notre écoute d’une mélodie à l’autre.