Une chanson écrite en russe par un Ukrainien, mâtinée d’esprit tzigane… Il n’en fallait pas plus pour inspirer notre jazzman, qui reprend à son tour ce standard de jazz manouche, et vous emmène virevolter loin, quelque part à l’Est.

Pour ce numéro sur la Russie, je vous propose de travailler la mélodie très connue Les Yeux noirs, un incontournable de la musique tzigane du XIXe siècle, devenu un standard de jazz manouche. C’est une chanson d’amour écrite en russe avec une notable influence ukrainienne. Cette mélodie est particulièrement touchante avec une très large palette d’émotions. Pour développer une improvisation sur ce morceau, il est primordial d’écouter de nombreuses versions des grands maîtres qui ont joué ce morceau : Django Reinhardt, Stéphane Grappelli, Erroll Garner, pour n’en citer que trois. À nous de la rendre aussi convaincante au piano !

La composition est construite seulement en une seule partie (thème A) de huit mesures (ou quatre mesures si on le pense avec un tempo deux fois plus rapide). Sachant que nous allons beaucoup tourner autour de ces huit mesures, comme on le fait de manière générale dans les chansons populaires, je vous propose d’étudier trois façons différentes d’accompagner un thème au piano avec la main gauche.

Après le thème A, nous passerons au thème B (harmonisé) puis nous irons à la section des solos. Nous travaillerons deux accompagnements : celui identique au thème (partie C), et celui (partie D) dans le style Erroll Garner. Enfin, nous reprendrons le thème cette fois avec comme accompagnement de main gauche l’utilisation de « la pompe ».

Travail du morceau

Interprétation

La masterclasse

L’interprétation

Les yeux noirs, par Paul Lay

✔ Commencez par jouer l’introduction. Elle se joue les mains croisées. Travaillez mains séparées, puis mains ensemble. Jouez lentement la partie A du thème. Prenez bien conscience de l’imbrication rythmique des deux mains.

✔ La mélodie est plutôt facile à jouer, il faut néanmoins la faire chanter le plus possible. Rendez-la très lyrique. Imaginez les paroles en la jouant.

Ensuite penchons-nous sur la main gauche.

✔ Vous pouvez utiliser le métronome et travailler avec précision le rythme de syncope qui constitue cette première partie. Amusez-vous sur 1-3 /2-4

✔ Amusez-vous à chanter la mélodie pendant que vous jouez la main gauche c’est un très bon exercice de polyrythmie.

Et pour la partie B, la main gauche est identique, la main droite joue la mélodie avec quelques variations en doubles notes.

Improvisation
✔ Dans un premier temps, étudions la grille. Elle est composée de huit mesures. Mémorisons les degrés : V-I-V-I-IV-I-V-I
Jouez la ligne de basse puis les accords à la main droite pour bien vous familiariser avec la structure harmonique (voir séquence 1).

✔ Maintenant, improvisez à partir des notes de l’accord en noire puis en croche tout en gardant l’ostinato de main gauche (voir séquence 2).

Allons plus loin, trouvons des mélodies à partir des gammes correspondant à la grille (voir séquence 3).

✔ La mélodie, si on l’analyse un peu, utilise beaucoup les broderies et les appoggiatures. Il ne faut jamais oublier qu’une improvisation découle de sa mélodie (séquence 4).

✔ Puis travaillez la section D avec un accompagnement dans le style d’Erroll Garner (écoutez-le en disque !). Sa main gauche imite la rythmique de la guitare gypsy lorsqu’elle accompagne. Travaillez main gauche seule puis rajouter la main droite qui improvise sur la grille. Attention le tempo est doublé !