Pour ce numéro, notre jazzman nous emmène en balade sur les routes américaines des années vingt, celles du blues et des « barbershops ». Laissez votre swing s’exprimer et votre doigts chalouper sur la mélodie d’amour de « Moonlight Bay ». Let’s go!
Bonjour à tous, Pour ce numéro consacré à la ballade, je vous propose une très belle chanson américaine de 1912, Moonlight Bay, dont la musique a été écrite par Percy Wenrich. C’est une superbe mélodie d’amour en sib majeur, qui était souvent jouée à l’époque, notamment par les groupes vocaux de quatre chanteurs a capella que l’on appelait les « barbershops ».
CONSTRUCTION
La chanson est découpée en quatre parties :
➜ Une partie A qui correspond au couplet (verse en anglais).
➜ Un thème B qui est le refrain (chorus en anglais).
➜ Une partie C qui est à nouveau le chorus mais avec des découpes rythmiques en triolet.
➜ Une partie D pour une courte improvisation en Bb (sib majeur) et qui terminera la pièce.
INTERPRÉTATION
Le morceau repose sur les deux premières parties : A (verse) qu’on peut jouer assez librement rythmiquement. Puis un tempo de walking ballad se met en place à partir de la lettre B. Il faut avoir le « feeling » que cela avance, mais de manière légèrement nonchalante, tranquille.
« Moonlight Bay » de Paul Lay
La masterclass
✔ Pensez dès le début à hiérarchiser les sons. Pour la partie A, faites bien ressortir la mélodie. Voyez chaque pièce musicale comme une architecture. Bien définir les lignes et les plans que l’on veut mettre plus ou moins en avant.
✔ Lorsque l’on arrive à la B, la mélodie jouée à la main droite est soulignée par un rythme de noire. Il faut bien caractériser la ligne du haut, et jouer cet accompagnement en noire plus légèrement.
✔ Pendant ce temps, la main gauche joue une ligne de basse qui s’apparente aux lignes de blues et de boogie, très caractéristique du style de piano des années vingt-trente. Comme le tempo est assez modéré, la difficulté technique n’est pas très grande pour l’interprétation de ce morceau. En revanche, il est important de bien le travailler pour y trouver l’esprit, le swing, la façon « chaloupée » de le jouer. Vous pouvez-vous référer à la version du CD.
✔ Lorsque vous arrivez à la partie C, l’accompagnement de la main droite passe d’une valeur de noire à une valeur de triolet de croches. Ainsi le temps est subdivisé en trois, et renforce l’aspect ternaire du morceau.
Même recommandation : hiérarchisez minutieusement les trois plans sonores : la mélodie, l’accompagnement, la ligne de basse.
✔ Astuce : afin de ressentir corporellement et de respirer rythmiquement ce que l’on joue, je vous conseille vivement de travailler ce morceau au métronome. D’abord à la noire = 63 puis à la blanche (métronome à noire = 31) qui joue sur le premier et troisième temps de chaque mesure. Enfin amusez-vous à inverser, de sorte que le métronome joue le deuxième et quatrième temps de la mesure (comme le rythme d’un charleston de batterie).
IMPROVISATION
✔ Je vous propose pour ce morceau d’improviser sur les deux mesures qui correspondent à la lettre D.
✔ Dans un premier temps, travailler le petit exercice d’indépendance des quatre premières mesures.
✔ Puis, afin de bien se préparer à l’improvisation, je vous ai écrit quatre différentes gammes et modes, ainsi que différentes idées sur la feuille d’exercice.
✔ Je vous conseille de les travailler d’abord juste à la main droite, prenez le temps de les chanter. Puis rajoutez la main gauche
✔ J’ai écrit plusieurs phrases, idées mélodiques que vous pouvez répéter, et qui j’espère vous inspireront. Elles empruntent leurs notes et contours aux gammes proposées plus haut.
✔ Enfin, le plus important : écoutez de nombreuses versions de ce beau morceau. Vous comparerez les différents tempis des versions, qui leur confèrent des caractères particuliers : Glenn Miller, The Beatles, Alice Faye, The Drifters.