Alexandre Kantorow, glorieux vainqueur du Concours Tchaïkovski en 2019, donnait le 30 septembre dernier, dans l’Auditorium de Radio France, une fulgurante interprétation du Second concerto de Saint-Saëns. Avec une facilité qui n’appartient qu’aux plus grands, il prit d’assaut l’un des ouvrages les plus virtuoses de la littérature pianistique. Après une majestueuse cadence introductive, balayant le clavier sans effort apparent, fort d’une sonorité puissante dénuée de toute dureté, il s’élançait tel un félin, dans le tumulte du premier mouvement. Vigoureusement épaulé par la baguette de Nicholas Collon à la tête de l’Orchestre National, le jeune soliste, usant de timbres raffinés, rendait un digne hommage au compositeur, habitant tout en souplesse le dramatisme haut en couleur de la partition. Par le ruissellement du clavier autant que par l’élan rythmique, les interprètes rappelaient dans le scherzo l’héritage du « Songe » de Mendelssohn, avant de nous entraîner dans la folle course du finale. Doué d’une virtuosité éblouissante, à l’égal des plus illustres serviteurs de l’œuvre (Gilels !), Kantorow, souriant et serein, démontrait un jeu libéré de toute contrainte, habitant chaque ligne sans la moindre ostentation. Au public envoûté, à peine remis de ce tourbillon, Alexandre offrait encore deux bis prodigieux d’élégance, signés Stravinsky et Liszt. L’Orchestre National, quant à lui, se montrait en très belle forme dans l’éclatante ouverture Le Corsaire de Berlioz, comme dans la triomphante Première symphonie d’Elgar, défendue de toute son âme par le chef britannique.

Alexandre Kantorow
Photo : © Alexandre Millot