Maurizio Pollini devait-il revenir à l’« Hammerklavier » qu’il avait enregistrée au sommet de sa maîtrise instrumentale ?

À près de 80 ans, il n’a certes pas la fulgurance, un peu tétanisée parfois, dont il faisait preuve autrefois dans l’opus 106, mais d’avoir à lutter contre une matière rebelle – il ne cède jamais à la complaisance « facilitante » – agrandit les perspectives de sa lecture : il entre de plain-pied dans ce texte qu’il reconstruit, tendu vers l’avenir et dans l’instant même de ce qu’il joue en prenant de grands risques – assumés.

Sa façon de faire trembler tout le piano quand il fait la reprise d’un coup cloue l’auditeur dans son fauteuil. Quelle grandeur ! Quel élan !

Même si la prise de son trop réverbérée a tendance à écraser la dynamique, la musique avance toujours, parfois avec fébrilité, y compris dans l’Adagio qui émeut sans apitoiement, et dans la Fugue qui nie toute idée de beau piano et même de piano : comme Beethoven, Pollini le fait exploser.

LUDWIG VAN BEETHOVEN

Sonates op. 101 et op. 106
« Hammerklavier »
Maurizio Pollini
DEUTSCHE GRAMMOPHON