Suite à ses violents propos sur l’Ukraine, le pianiste est viré par son agent parisien et par René Martin, directeur de la Folle Journée

On connaissait son jeu et son tempérament excessifs. Mais il n’était non moins génial et attachant.

Cette fois, ce n’est pas sur scène mais sur un plateau télévision que Boris Berezovsky a franchi la ligne rouge.

Dans un talk-show de propagande de la télévision nationale russe, le pianiste chéri des scènes occidentales, prend position en faveur de la guerre en Ukraine. Et réclame des mesures plus radicales. « Je comprends que nous ayons pitié des Ukrainiens, que nous y allons délicatement, mais ne devrions-nous pas faire preuve de davantage de fermeté, les encercler et leur couper l’électricité ? »

L’officier présent sur le plateau interrompt aussitôt le pianiste : « nous ne pouvons pas créer de catastrophe humanitaire ! »

Sur les réseaux sociaux, ses collègues clament leur incompréhension et leur indignation. « Cette amitié est officiellement terminée », souligne le pianiste Lars Vogt sur twitter.

Crédit photo : Juri Bogomaz

Vaine justification

Dans une réponse diffusée par son agent, Boris Berezovsky, tente une vaine justification : « Mon intention sans doute naïve en participant à cette émission, était de débattre pour évoquer les solutions possibles pour que ce drame actuel s’arrête dans les meilleurs délais. Lorsque je demandais la possibilité de coupures d’électricité, mon intention était d’éviter le choix des bombes sur Kiev et ainsi éviter une catastrophe humanitaire encore plus dramatique. Mais j’ai été interrompu et je n’ai pas pu aller au bout de mon propos ».

René Martin « horrifié »

Quelques jours avant la polémique, l’incontournable programmateur René Martin, à la tête de festivals majeurs (Folle journée, Grange de Meslay, La Roque d’Anthéron…) partageait dans un communiqué sa décision « de ne pas inviter d’artistes qui se sont positionnés en faveur du régime imposé par Vladimir Poutine » et de poursuivre sa « riche collaboration » avec d’autres musiciens russes, citant notamment Boris Berezovsky.

À la découverte de ses propos, il s’est dit « horrifié » et a décidé de cesser toute collaboration avec le pianiste, qui était un fidèle des fidèles de son « écurie ».

« Artiste de génie et homme de paradoxe »

Même écho du côté de son agent, qui affirme le 17 mars dans un communiqué avoir pour règle de « ne jamais mélanger politique et culture ». Mais suite aux déclarations du soliste, qui le laisse dans l’« incompréhension la plus totale », il vient de suspendre la représentation de Boris Berezovsky, après l’avoir défini comme un « artiste de génie et homme de paradoxe. »

Une décision cohérente pour le bureau Albert Sarfati qui représente un grand nombre de musiciens russes – notamment Evgeny Kissin, engagé contre la guerre dès les premières heures du conflit – et qu’il ne faudrait pas s’interdir d’applaudir.