Le jeu délié du pianiste coréen, couplé à une virtuosité phénoménale, ranime l’âme expressive d’un Chopin dont les enregistrements de référence ne manquent pas. Comme Rubinstein, Seong-Jin Cho préfère la lumière aux gouffres d’une Argerich, laissant la poésie exalter la noblesse du chant. Écoutons le 2e scherzo, où soufflent bravoure et lyrisme sans jamais brouiller la ligne raffinée du discours, les interrogations ténébreuses de l’ouverture livrées avec une franchise épurée qui refuse le spectaculaire d’un Yundi ou l’impétuosité d’un François. Car le jeune pianiste, du haut de ses 27 ans, sait défendre la clarté et l’équilibre que Saint-Saëns admirait tant chez Chopin sans atténuer la vitalité irrésistible qui se montre éblouissante dans le 4e scherzo. Seong-Jin Cho aime la palette singulièrement pianistique de son instrument, ses timbres de cloches dans l’aigu et ses basses chaudes, s’emparant de la brillance pour offrir des cascades perlées et des fioritures faites de dentelle. Dans le 2e concerto, la pudeur admirable du pianiste ne bride jamais les envolées lyriques du Larghetto ni le rythme dansé du Finale, rendant un bel hommage au compositeur dont le nom est pour toujours associé au sien depuis sa victoire au Concours Chopin en 2015.