Ancien élève du CNSMDP, Mathieu Lamboley a choisi de mettre son talent au service du cinéma. Il a signé de nombreuses musiques de films, parmi lesquelles Lolo, de Julie Delpy, Le Retour du héros, de Laurent Tirard, ou plus récemment, Le Tigre et le Président, de Jean-Marc Peyrefitte. On lui doit également la bande originale de la série sur Netflix Lupin.
VOS PREMIERS SOUVENIRS PIANISTIQUES ?
M. L. : Il faut l’avouer, au départ, je n’étais pas très assidu, mais cela m’amusait ! Chaque semaine, j’allais à mon cours de piano au Conservatoire où je retrouvais mon professeur, Yves Henry, et je prenais du plaisir à répéter les différents exercices ; par la suite, cela fut plus fastidieux, il fallait beaucoup travailler, et puis le stress des examens… J’avais horreur de ça ! C’est finalement en abordant le grand répertoire français que je me suis vraiment trouvé pianistiquement.
COMMENT AVEZ-VOUS ABORDÉ LA COMPOSITION ?
M. L. : Là non plus, ce n’était pas forcément une vocation. Enfant, je m’amusais à composer des « grandes fugues »… elles n’avaient rien de contrapuntiques ! Mais mon père, qui est guitariste de jazz, voyant que j’écrivais de plus en plus, m’a conseillé de le faire sérieusement et c’est toujours avec Yves Henry que j’ai débuté cet apprentissage, nous faisions systématiquement après notre cours de piano une séance d’écriture sur table ! J’ai le souvenir épique de ma première vision d’une clé d’ut première ! Après cette première année à ses côtés, il m’a orienté vers Christian Bellegarde [professeur d’écriture] et là, ce fut le déclic, humain et musical !

SDP
COMMENT VIVRE CETTE DUALITÉ ENTRE LE PIANO ET LA COMPOSITION ?
M. L. : J’ai eu la chance que l’on ne me demande jamais de choisir. Même lorsque j’étais au CNSM de Paris [où il a reçu cinq premiers prix] dans la classe de piano de Michel Béroff ainsi que dans les autres cursus. J’adorais jouer, faire de la musique de chambre et aussi composer, notamment pour le théâtre. Je suis arrivé à mener de front les deux activités pendant environ une dizaine d’années, mais je l’admets, même si le piano est essentiel pour moi, je préfère la composition, cela me permet de m’exprimer entièrement. Et les nombreuses personnalités du monde musical que je côtoyais à cette époque m’ont encouragé à persévérer dans cette voie. Je dois dire cependant que, pendant le confinement, j’ai eu le temps de me remettre quotidiennement au piano : quel plaisir de relire les plus belles pages de Chopin ! D’ailleurs, cela me rappelle que Michel Legrand me disait de pratiquer le piano plusieurs heures chaque jour. Malheureusement, le temps me manque, même si je compose essentiellement derrière le clavier.
LA MUSIQUE DE FILM, UNE ÉVIDENCE ?
M. L. : Ce type de musique et d’exercice de style est venu naturellement à moi. Je me sou- viens que, lorsque j’étais accompagnateur au conservatoire du 16e arrondissement à Paris, j’ai répondu à une annonce pour composer une musique, et c’est ainsi que tout a commencé. La musique de film m’offre une très grande liberté stylistique, mais je me considère avant tout comme compositeur. Je viens d’ailleurs de terminer différentes commandes symphoniques et j’ai en projet un cycle pour piano où je serai aussi l’interprète.