Recommandations autour des œuvres du cahier de partitions
- Les Satie d’Aldo Ciccolini, Jean-Joël Barbier et France Clidat sont parfaits, sorte d’épure. Dans « Profitez de ce qu’il a des cors au pied pour lui voler son cerveau », la troisième des Pécadilles importunes, on va néanmoins de surprise en surprise : France Clidat martèle vitesse grand V le clavier comme si elle travaillait une étude pour piano. Jean-Joël Barbier y est plus lent, moins sec, prend davantage son temps. Aldo Ciccolini est deux fois plus lent que sa consœur et il chante toutes les notes. Les trois sont à écouter pour mesurer l’écart qu’il peut y avoir pour une pièce apparemment si anodine…
- Le Prélude en la majeur de Chopin est une petite merveille dansante, elle aussi… Si l’on ne craint pas les vieux sons qui grattent, il faudra se jeter sur l’interprétation fabuleuse d’Alfred Cortot enregistrée au temps du 78-tours. Si l’on est allergique au son ancien, Nikolaï Lugansky ralliera les suffrages, tout comme Maurizio Pollini ou encore Behzod Abduraimov…
- L’Adagio de la Sonate Hob. XVI : 34 de Haydn est une merveille dont le chant d’essence vocale est ponctué par une main gauche qui trouve toujours le temps de se placer au bon moment ! C’est très gratifiant… La façon avec laquelle Jean-Efflam Bavouzet se met à l’écoute de sa main droite et des silences que Haydn ménage dans ce long ruban mélodique est vraiment admirable… avant d’entrer sur la pointe des pieds dans le finale.
- Les Bunte Blätter op. 99 de Schumann n’ont pendant longtemps pas eu la faveur des pianistes, jusqu’à ce que Clara Haskil au début des années 1950 en enregistre une sélection dans laquelle figure justement la première pièce. Et personne depuis n’a réussi à faire oublier son jeu ailé. Pas même Sviatoslav Richter qui joue cette pièce d’une façon plus terrestre sans doute, mais pas moins dramatique au fond. Éric Lesage en donne une version plus tendre, plus intime, d’une beauté ineffable qui n’est pas moins juste, d’autant que la musique avançant il laisse transparaître une inquiétude de plus en plus vive. C’est très très beau.
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