Au Nice Classic Live Festival, les interprètes du soir deviennent professeurs la journée.
Concert au clair de lune
20h, dans les Jardins de Cimiez du Musée Matisse. La lune se lève sur un ciel dégagé. Une cigale chante encore au loin sur une branche d’olivier. Bienvenue au Nice Classic Live Festival !
Ce mardi 20 juillet, dans un programme d’ouverture consacré aux deux pianos et quatre mains, trois anniversaires sont célébrés : les 100 ans de la naissance de Piazzolla, les 100 ans de la mort de Saint-Saëns et les 50 ans de la mort de Stravinski.
Elena Rozanova et Marie-Josèphe Jude, Directrice artistique du Festival et Présidente de l’Académie internationale d’été de Nice, promue chevalier de la légion d’honneur ce 14 juillet, nous font voyager en Argentine avec l’Oblivion de Piazzolla. Plus tard dans la soirée, résonnera le très attendu Sacre du printemps de Stravinski dans une transcription extraordinaire pour deux pianos qui, grâce à Marie-Josèphe Jude et Michel Béroff, garde toutes les couleurs de l’orchestre.

Crédit photo : Veran
4×2 font 8. La Danse macabre de Saint-Saëns qui suit, est interprétée dans un huit mains par Hakiko Ebi, Anne-Lise Gastaldi, Tuija Hakkila et Elena Rozanova. Pour le bis, la venue sur scène des huit professeurs-interprètes de la soirée, promet une surprise grandiose : 8×2 font 16, une Polka de Paolo Canonica sur deux pianos, pour un seize mains. Rien que ça.
Une scène tremplin
Ces professeurs, vivier principal des concerts du Festival, enseignent à l’Académie – véritable acrobatie pour la programmation. Ils viennent principalement tous du CNSMD de Paris et de Lyon, du CRR de Paris et de l’Ecole Normale de Paris. Mais cette année, nouveauté remarquable, le Festival propose aux jeunes l’occasion de jouer eux aussi en concert avec la « scène tremplin ».
Marie-Josèphe a hérité en 2017 du Festival doublé d’une académie, connue pour être une antichambre du CNSM. Créé dans en 1957 par Jacques Taddei, ce stage d’été international accueille habituellement entre 50 à 60 nationalités différentes. Le stage accepte les élèves généralement à partir du DEM mais, en réalité, « les professeurs sélectionnent les étudiants sur vidéos en fonction du potentiel bien plus que du niveau » explique-t-elle. Pour laisser une chance à chacun, les frais pédagogiques s’élevant à 695€ (4 cours au minimum, des classes générales, ainsi que l’accès à un studio de travail et à la cantine), l’Académie offre des bourses aux étudiants.
Tandis que ce soir, les jeunes sont dans le public ou sur scène pour tourner les pages, l’Académie s’éveille le lendemain sous leurs doigts…
Au cœur de l’Académie
Au Conservatoire, Claire Désert donne un cours à Anna qui joue La Fantaisie op.17 de Schumann. La professeure invite l’élève à se dépasser : « N’aies pas peur du mauvais goût. Ose. Force-toi, même si ce n’est pas ta nature ». Le cours et les conseils s’adaptent à l’étudiante, à sa personnalité comme à son corps : sa main est-elle assez grande pour la 10ème ? « Ah ! ça tire un peu. » Grâce à Claire Désert, Anna entend désormais les pleurs de Clara dans les quintes descendantes, le violoncelle à la main gauche, les questionnements des silences…
L’académie est avant tout un lieu de rencontre et d’entente entre un élève et son professeur. C’est l’histoire que raconte Juliette. À 16 ans, elle interprète la 8e Novelette Op.21 de Schumann. Après 6 ans au CRR de Paris, elle a fait un an au CRR de Boulogne. Conquise par l’enseignement de Claire Désert, elle se confie : « cette manière orchestrale qu’elle a de voir les œuvres, c’est ce qui me manque. » Sur ces mots, elle repart – direction le studio.
En plein mois de juillet, la cigale sur son olivier et la côte d’Azur ne sauraient la divertir. Un seul objectif : le CNSM de Paris !