Hiver 1839. Le compositeur quitte Majorque, où il a séjourné avec George Sand, pour rejoindre la France, ses préludes fraîchement en tête. L’écrivain Jean-Yves Clément, auteur de plusieurs ouvrages sur le musicien, imagine son carnet de voyage.
Si Chopin avait tenu un journal, aurait-il ressemblé à la version imaginée par Jean-Yves Clément ? Dans Le Retour de Majorque, celui-ci anime avec dévotion la plume du compositeur, de son départ des Baléares, en février 1839, à son arrivée à Nohant, chez George Sand, en juin de la même année. Et déroule au fil des pages le roman de la conception des Préludes. Les confidences de ce Chopin inventé se recoupent parfaitement avec les témoignages des protagonistes eux-mêmes : Un hiver à Majorque, le récit autobiographique de l’écrivaine, ou leurs correspondances respectives. On croit donc pleinement au Chopin malade exprimant son soulagement de quitter l’Espagne pour rejoindre Marseille. À celui qui peste contre ses éditeurs et échappe aux mondanités. Ou à l’artiste émerveillé par Gênes, par le bel canto et la lumière italienne qui imprégneront sa Barcarolle. Puis, le double de Chopin nous parle de son art. À chaque jour de voyage, il décrit un Prélude. Exercice icarien pour le marionnettiste dont on perçoit parfois les fils. Mais il faut reconnaître sa justesse de propos. Le ton, subtilement évocateur, déconstruit l’indicible et soulève les voiles mystérieux de la transcendance.

✔ Le Retour de Majorque,
Jean-Yves Clément,
éd. Pierre-Guillaume de Roux,
155 p., 17 €