Le festival se tiendra du 14 au 20 octobre à Châteauroux. Son directeur, jean-Yves Clément possède un enthousiasme communicatif. Alors, tous dans le Berry cet automne !

Vous êtes le directeur artistique des Lisztomanias de Châteauroux…

Et fondateur ! J’ai créé le festival en prenant cette idée de la fameuse lettre du 30 mai 1844 de Liszt à George Sand : « Si, au mois d’août, vous étiez encore à Nohant, nous pourrions réaliser notre ancien projet de festival à Châteauroux. » Il s’agissait d’organiser un festival ouvert sur les différentes personnalités de Liszt.

Ces diverses personnalités modélisent votre festival. Quel en est le concept ?

La dispersion. Mais une dispersion qui a un cœur, une unité. La vie de Liszt, sa musique, son œuvre, se confondent. Sa composition musicale est très variée, il n’a pas uniquement créé pour le piano, et il est le seul à proposer une variation infinie de tous les thèmes qu’il a développés, exploités, inventés, y compris le récital, la masterclasse… Il ouvre tous les mondes possibles et inimaginables. L’éclatement des Lisztomanias, c’est aussi celui des lieux, avec notamment la grande scène d’Équinoxe et la chapelle attenante, devenue l’auditorium Franz Liszt. D’un côté, il y a les concerts modernes et, de l’autre, les œuvres plus intimes qui disent la simplicité de l’artiste.

Crédit photo : Fabrice Dehon

Comment avez-vous fait évoluer ce festival ?

Le principe d’éclatement, je l’ai posé dès le départ. J’ai imaginé des événements comme les cafés-concerts avec les jeunes de l’académie, une académie d’improvisation… Tout était d’emblée pensé, excepté les actions en parallèle du festival. Celles-ci prennent davantage d’ampleur. Cette année, par exemple, la veille de l’ouverture, une soirée est consacrée à l’humanitaire. Pour moi, être lisztien, c’est développer ce volet-là. Il faut montrer l’exemple, notamment grâce aux services de la mairie. Par ailleurs, les tarifs du festival sont très bas, avec notamment la possibilité d’acheter un passe.

Quelle place ont les jeunes dans cette 20e édition ?

La jeunesse est une philosophie de vie. Les jeunes interprètes du festival sont appelés à faire carrière ensuite. L’événement est un tremplin pour eux. À la fin, ils seront réunis pour un concert. Cette année, Jean-Baptiste Doulcet, que j’ai connu lorsqu’il avait 14 ans, revient à la fois pour jouer et pour participer à l’action humanitaire. Il incarne cette transition entre les deux mondes et, en plus, le rapport au passé de mon festival. J’adore ! Pour les 20 ans, j’ai essayé d’avoir des grands noms du piano, certes, mais avec qui j’entretiens des rapports souvent amicaux et qui ont marqué l’histoire du festival : Alexandre Kantorow, François-Frédéric Guy, Bertrand Chamayou, Nathanaël Gouin… J’adore aussi Paul Lay, un artiste très libre d’esprit. Cette génération est jeune ! Je veux des artistes lisztomaniaques, qui appartiennent à la confrérie des lisztiens. Une bande d’amis parfois un peu trublions! Ces gens qui se fréquentaient et s’aimaient, Liszt, Chopin, Berlioz,
Mendelssohn… étaient des jeunes gens ! La musique dite « classique » n’a pas été inventée par des vieux barbons ! Ce n’est pas l’âge, c’est l’esprit qui doit toujours rester vivant. C’est l’ouverture à l’international, le désir de transmission et l’estime des autres.

Propos recueillis par Sophie Perrin-Ravier

Temps forts du festival

La très attendue ouverture du festival, jeudi 14 octobre, par Benjamin Grosvenor réunira les deux héros de Jean-Yves Clément dans un récital consacré à Liszt et Chopin. Ce même jour, Jean-Baptiste Doulcet assurera quant à lui la transition du passé du festival au présent dans le récital « Liszt, avant et après ».

Samedi 16 octobre, « Le Carnaval des pianistes », double concert classique/jazz, par Nathanaël Gouin et Paul Lay, rendra hommage à Camille Saint-Saëns.

L’une des branches musicales des Lisztomanias s’animera en verbe le mardi 19 octobre : « Du piano aux étoiles : ma vie avec Franz Liszt », une conférence tenue par Jean-Pierre Luminet, astrophysicien de renommée internationale.

Enfin, le concert de clôture, mercredi 20 octobre, sera destiné aux jeunes solistes de l’Académie et célébrera la jeunesse du festival ainsi que son ouverture sur le monde en réunissant Alexandra Stychkina (Russie), Lavinia Bertulli (Italie), Gaspard Thomas (France) et Misi Boros (Hongrie).

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