Alors que l’invasion de son pays natal par la Russie n’était encore qu’une menace, l’Ukrainien Alexander Romanovsky a joué pour le public français. Au programme : indépendance et variations.
Le 10 février, la Fondation Louis Vuitton a accueilli Alexander Romanovsky pour un récital élaboré autour de la notion de liberté. En ouverture, le pianiste interprète, dans un jeu appuyé, la Chaconne de la Partita n°2 de Bach, transcrite par Rudolph Lutz. Bientôt, il se lance dans les périlleuses Variations sur un thème de Paganini, op. 35 de Brahms qu’il exécute avec une dextérité aux limites de l’impertinence et une souplesse exquise, articulant aisément les difficultés techniques de l’œuvre.
Les 24 Préludes, op. 28 de Chopin clôturent le concert. Avec « La goutte d’eau », le public oublie que l’Auditorium est comble, et plonge dans une ambiance intimiste et aquatique, aux reflets de la fontaine en escalier qui accompagne le programme de ses ramages. Tandis que l’ardeur du pianiste sert à merveille la passion du Prélude n°24, on regrettera les airs de facilité que prend la mélancolie du Prélude n°4. Le n°8, quant à lui, laisse entendre ce soir des résonances singulières. En 2020, le pianiste en avait fait l’expression d’une prière pour la paix en Arménie lors du concert « Artists for Artsakh ». Romanovsky reprendrait-il tacitement ce vœu, s’adressant cette fois aux troupes russes ?

Crédit photo : Daniil Rabovsky