Rencontre avec Lars Vogt, nouveau chef et directeur artistique de l’orchestre de chambre de Paris.
Nous retrouvons Lars Vogt à l’issue de l’une de ses premières « répétitions distanciées » avec l’Orchestre de chambre de Paris. Au programme : le Requiem de Mozart, qu’ils espèrent pouvoir donner à la Philharmonie de Paris. Dans la salle de répétition, toutes les précautions sanitaires sont prises : il n’y a qu’un musicien par pupitre, et tous sont espacés d’un mètre. Arrivé au poste de chef et directeur artistique en juillet, Lars Vogt a pris ses fonctions dans des circonstances très particulières, marquées par de nombreuses annulations de concerts et une incertitude croissante. « Avec la pandémie, nous avançons au jour le jour, confirme-t-il. Il nous faut garder l’espoir, et être prêts à s’adapter. L’important, c’est de pouvoir jouer, d’une manière ou d’une autre, car c’est notre métier, notre vocation ! » Une vocation que Vogt ressent d’autant plus intensément qu’il était déjà, avant de prendre la baguette, un pianiste de renommée internationale. C’est sa rencontre avec Sir Simon Rattle, le grand chef britannique, qui lui a donné envie de percer ce qu’il appelle « le mystère de la direction d’orchestre ». Depuis, Vogt a conduit les plus grands ensembles, le plus souvent depuis son propre piano.

Crédit photo : Giorgia Bertazzi
Aujourd’hui, dans ses nouvelles fonctions au sein de l’Orchestre de chambre de Paris, Vogt défend une vision artistique et engagée. Une vision artistique tout d’abord, nous explique-t-il, car il souhaite « aller encore plus loin dans l’intensité de notre orchestre, décrocher la lune. Nous pouvons être encore plus explosifs ! s’exclame-t-il. Aller encore plus loin dans l’exploration du répertoire, du plus ancien au plus contemporain ! » Une expérimentation qui passerait par une collaboration étroite avec des jeunes compositeurs, et un travail encore plus approfondi sur les instruments anciens. Une vision sociale et engagée ensuite, car Lars Vogt est convaincu qu’un orchestre doit « se battre pour chaque âme » en essayant d’apporter la musique à chaque enfant, chaque adulte qui ne va pas au concert et qui est exclu du monde classique. Vogt est déjà à l’origine de Rhapsody in School, une initiative très populaire en Allemagne qui fait intervenir des artistes reconnus dans des écoles, et compte bien continuer sur cette lancée à Paris. « Il faut que nous plantions ces graines partout où la musique n’est pas, dans les quartiers difficiles, dans les prisons, dans les EHPAD… Cet orchestre fait déjà beaucoup dans ce domaine, mais ensemble, nous essaierons d’aller encore plus loin, et de devenir un véritable acteur social dans la ville de Paris. »