Udo Steingraeber représente la sixième génération à la tête de la prestigieuse fabrique de pianos familiale, née en 1852 et distinguée récemment comme « marque du siècle ». Rencontre.
Votre marque a été élue « Marque du siècle », quels sont désormais vos critères en termes de conception ?
Depuis de nombreuses années nos pianos arborent avec fierté le « Made in Germany ». Mais en Allemagne, ce critère n’oblige le fabricant qu’à produire 50 % de l’instrument sur place, dans le pays. Nous avons décidé de pousser plus loin ce principe, en produisant entièrement les instruments ici, à Bayreuth, et en utilisant quasi exclusivement des matériaux allemands à l’exception bien sûr des bois précieux originaires d’Amérique du Sud ou bien encore du Canada. Concernant nos mécaniques, elles sont le fruit d’un travail conjoint avec la marque Renner afin d’obtenir des spécificités propres à notre marque.
En parlant de bois originaires d’autres pays et votre entreprise étant membre du pacte environnemental et climatique de Bavière, cela change-t-il quelque chose dans votre processus de fabrication ?
Cela rejoint notre volonté de rester au plus proche des acteurs de notre région et du pays. Nous souhaitons garder un lien physique et humain avec nos différents fournisseurs et ainsi réduire également notre empreinte carbone.

Crédit photo : Matthias Shoch
Évidemment, cela n’est possible que sur des matériaux spécifiques comme le chêne ou bien encore l’épicéa pour les tables d’harmonie, même si ce dernier devenant plus rare a subi une forte augmentation ces dernières années. Heureusement nous avons des stocks, ce qui nous permet de rester sereins pour l’avenir et de ne pas avoir besoin de répercuter de manière trop significative ces coûts sur le tarif de vente de nos pianos.
Vous regardez vers l’avenir en transmettant la fabrique à vos enfants : est-ce important que la marque reste dans le giron familial ?
En effet je dois l’avouer : c’est un grand bonheur que Steingraeber & Sons puisse rester une maison familiale ! Mais surtout, c’est fantastique de ne pas avoir à se poser la question de la transmission. Il faut avouer que cette septième génération a continuellement baigné dans le piano depuis sa plus tendre enfance, que cela soit dans les ateliers ou bien encore en partageant le clavier avec les nombreux pianistes que nous côtoyons. Cela s’est fait naturellement, sans obligation !
Pour beaucoup de mélomanes, votre marque est celle que jouait Franz Liszt. Essayez-vous toujours de rester au plus proche des pianistes ?
Oui, bien sûr, même si comme pour tous les acteurs du marché, nos principaux acquéreurs restent les institutions : les conservatoires, les universités ou bien encore les salles de concerts et les amateurs ; nous restons toujours au plus proche des jeunes professionnels – et des moins jeunes –, en essayant de les soutenir au maximum en ces temps troubles.