La Méthode Rose, Ernest Van de Velde
Objet de nostalgie pour beaucoup, la célébrissime « Méthode Rose » a marqué le parcours musical de générations de pianistes depuis plus d’un siècle. Sa parution en 1901, au moment où l’éducation musicale prend son essor sous la Troisième République, n’est qu’une des contributions majeures de son auteur, le pédagogue Ernest Van de Velde. Aujourd’hui, la « Méthode Rose », toujours rééditée et reconnaissable à sa couverture iconique, fait face à la concurrence, une floraison constante de nouvelles méthodes qui doivent leur pertinence à cette référence pionnière.
Composée d’une succession d’exercices de base et de petites jolies pièces, la méthode valorise une pédagogie à la fois simple mais exigeante. Le débutant démarre par la position des cinq doigts avec le pouce sur le do, en ne lisant que la clé de sol. Avant que la clé de fa ne soit abordée dans le deuxième chapitre, l’élève aurait déjà rencontré différents intervalles, temps et mesures ainsi que la position de sol. Cette approche, qui inspirera nombre de méthodes à venir, est toutefois mise en question par d’autres ouvrages favorisant la lecture simultanée des deux clés et une position plus adaptée aux petites mains où le pouce n’est employé qu’une fois le geste pianistique acquis. Or, le contenu est riche et complet, dégageant un fort charme d’antan par son style classique et ses mélodies lyriques, souvent accompagnées d’une basse Alberti en clin d’œil au XVIIIe siècle.
Avant tout, la méthode met en lumière l’apprentissage sérieux des pianistes amateurs du xxe siècle, pour lesquels l’adhérence à une certaine discipline reste la clé de la réussite, comme le martèle Van de Velde tout au long de son ouvrage. « Ne craignez pas de répéter avec persévérance les mêmes formules de 10 à 20 fois, exige-t-il dans l’ancienne édition, votre temps ne sera pas perdu. » Ces propos résonnent toujours pour ceux qui reconnaissent la rigueur dans la pratique de l’art.
