RUTH SLENCZYNSKA, Complete American Decca, Recordings, Eloquence
Elle a été élève de Cortot, Hofmann, Petri, Schnabel et Rachmaninov, et joue encore aujourd’hui. Son nom ? Ruth Slenczynska. Née en Californie de parents polonais en 1925, elle sera une enfant prodige, comme le monde du piano en a connu peu : à Berlin, âgée de 6 ans, elle est comparée à Mozart ! Dressée à la baguette, elle subira le rythme infernal de neuf heures de travail quotidien, les sévices corporels et les humiliations que son père violoniste lui infligeait. Pourtant, dans son autobiographie, Forbidden Childhood (« Enfance interdite »), qu’elle fera paraître à 32 ans – elle avait déjà donné 1600 concerts ! –, Slenczynska dira que « le prix à payer n’avait pas été trop important ».

Tous les enregistrements réalisés par la pianiste, de 1957 à 1963, sont enfin réédités sur CD accompagnés d’un texte très documenté, illustré de nombreuses photos. Dans les Études opp. 10 et 25, les Préludes op. 28, les valses, impromptus, scherzos et ballades de Chopin, on admire la technique d’acier, le tempérament volontaire et la poésie de Slenczynska, qui se fait flamboyante et sans aucun maniérisme dans la Rhapsodie espagnole, les Feux Follets, de Liszt, captivante dans Bartók, Mendelssohn, Scarlatti, Schubert, Debussy, Prokofiev, ou Rachmaninov, dont elle n’a enregistré que deux des préludes. Le dixième disque réunit le Premier Concerto de Liszt ainsi qu’un Deuxième de Saint-Saëns au finale incandescent, et conclut avec panache cet hommage.
JEAN-FRÉDÉRIC NEUBURGER, JEAN-FRANÇOIS HEISSER ET SERGE LEMOUTON, Mantra. Stockhausen, Mirare
Ce trio formidable nous entraîne dans l’univers insolite de Stockhausen, en exploitant toutes les capacités expressives et sonores du piano, accompagné par les percussions et l’électronique. Les trois interprètes partagent leur goût de l’innovation, à travers des rythmes et des timbres saisissants, des couleurs en clair-obscur, et un sens infaillible de l’architecture.

VANESSA WAGNER ET WILHEM LATCHOUMIA, This is America !, La Dolce Volta
Musiciens aux goûts éclectiques, Vanessa Wagner et Wilhem Latchoumia se montrent porte-parole du langage envoûtant de l’avant-garde américaine. Sans jamais frôler le stéréotype, les interprètes creusent, au-delà des apparences, le minimalisme pour souligner les tableaux vivants que peint Meredith Monk, la tension harmonique de Philip Glass et les sonorités imbriquées chères à John Adams. Et quel contraste avec l’explosion rhythmique et mélodique du West Side Story de Bernstein! Ce disque est une irrésistible invitation au voyage.
