Véritable succès, l’opération menée par la SNCF en partenariat avec Yamaha a fêté son anniversaire le 1er juillet dans plusieurs gares françaises. Nous étions ce jour-là à Montparnasse, où tout a commencé, en 2012.

Le rendez-vous est donné le vendredi premier juillet à 11 h en gare Montparnasse pour célébrer le dixième anniversaire de Piano en gare, opération menée conjointement par la SNCF et les pianos Yamaha. En cette date des premiers grands départs, la foule de vacanciers se presse dans les halls et aux abords des quais.

Heureusement la température est clémente. Surprise du jour, deux pianos CF6 trônent sous l’une des deux fresques de Vasarely aux motifs cinétiques récemment restaurée. Il est alors encore facile de s’en approcher, mais dès les premières notes de la Rapsodie in Blue interprétée par Fanny Azzuro, les voyageurs commencent à s’amasser, pris de court dans leur attente ferroviaire par les accords flamboyants de la musique de Gerswhin. Ce public très vivant ne cesse de s’étoffer, les applaudissements fusent et résonnent dans tout le hall de la gare, le bal est lancé ! « C’est une bénédiction d’entendre régulièrement des morceaux que j’apprenais lorsque j’étudiais le piano, cela me replonge en enfance », nous dit Pierre, Bordelais, un auditeur de passage régulier.

Alice, 19 ans, qui vit dans les Yvelines, est une habituée des pianos en gare : « J’adore m’installer derrière le piano lorsque j’attends mon Transilien et j’essaie de reproduire les chansons et musiques de films que je préfère grâce aux tutoriels que je trouve sur Internet », confie la jeune femme. Jonathan, 34 ans, Parisien, a des attentes un peu différentes : « Étant passionné de jazz, j’avoue que j’aimerais en entendre plus souvent plutôt qu’une énième version plus ou moins réussie d’un tube de variété. »

Crédit photo : David PAQUIN

Il est servi avec Jean-François Zygel et André Manoukian qui prennent la relève dans un « duel » d’improvisation et interagissent avec le public en leur proposant de choisir des notes de musique afin qu’ils puissent se lancer dans une improvisation spontanée… Résultat stupéfiant !

C’est justement ce partage que prône André Manoukian, qui est aussi le parrain de l’opération. Pour lui, il s’agit d’une expérience qui possède plusieurs vertus complémentaires. « De nombreux autodidactes se sont intéressés à l’instrument et à la musique en général et profitent de ces pianos mis à disposition pour travailler et progresser », observe le pianiste. « Les pianos en gare créent du lien entre les gens, certains s’arrêtent, d’autres discutent, poursuit-il. Cela crée un havre de paix au milieu de cette jungle urbaine. »

« Il m’est impossible d’imaginer une gare sans piano, sans cette énergie musicale spontanée », abonde de son côté Jean-François Zygel, son partenaire du jour. Il faut dire que la spontanéité était au rendez-vous, entre les improvisations à deux pianos et les quatre mains « sur le pouce » proposés par nos deux pianistes, donnant à cet événement toute sa dimension festive. Les réseaux sociaux aussi ont joué un rôle très important depuis les débuts des Pianos en gare. Depuis 2012, ils ont propagé la parole musicale et pianistique, laissant découvrir un nombre considérable d’amateurs filmés à la volée, créant même parfois la notoriété de certains dont les vidéos comptabilisent des millions de vues.