Guilhem Fabre sillonne depuis cinq ans la France avec son camion-scène. En récital, ou bien accompagné de l’acteur François Michonneau, d’Emma la clown ou du Trio Zadig, le pianiste comble le désert de concert de certains territoires par de longues tournées d’été. Avec son projet uNopia, il cherche ainsi à sortir du moule et à empêcher l’atrophie de la musique classique.

Comment cette idée du camion-scène s’est-elle imposée ?

Questionner le rapport entre le public et le concert classique est l’idée centrale du projet. Venir au-devant des gens plutôt que de leur demander de venir dans des salles, et amener la musique à ceux qui n’y ont d’habitude pas accès. De plus, j’ai depuis toujours l’intime conviction que devenir artiste était l’occasion de voyager. Mais le schéma conservatoire, CNSM, concours, agent, label ressemble plus à un plan de carrière qu’à une aventure ! Ces réflexions ont conduit au camion, et chaque été le public est au rendez-vous.

Est-ce un moyen de retrouver de la liberté et de fuir le confort ?

Avec uNopia, je m’octroie la liberté de programmer mes récitals de piano, mais également des acteurs, de la musique de chambre, des clowns, de la médiation culturelle. Pour certains, si tu programmes ce genre de spectacles, le projet n’est plus tout à fait sérieux… mais une de mes devises est de faire sortir le classique de sa zone de confort ! Le confort est très dangereux, il nous éteint, nous fait perdre notre énergie vitale. Au fond, quel est l’essentiel ? Faire vivre la musique ! Même si cela passe par une perte de contrôle sur le processus artistique.

SDP
Sur la photo : Guilhem Fabre Armanet

L’invasion russe en Ukraine a brisé votre rêve de rallier Paris à Moscou en camion…

Dès que cette tournée pourra se faire, je me précipiterai. Paris-Moscou était le projet phare, celui qui me donnait envie de me bouger et qui donnait tout son sens au côté aventure. Je n’ai pas abandonné l’idée et partirai en 2025.

Du 18 juin au 16 septembre

unopia.eu