C’est la douceur, la délicatesse et l’infinie maîtrise des couleurs de l’instrument qu’on retiendra du concert du géant russe le 1er février dernier à Paris. La Sonate en ré majeur de Schubert – l’un de ses compositeurs de prédilection –, extrêmement ouvragée sous ses doigts, nous emporte dans un torrent de douceur et de tendresse. Aux accents beethovéniens du premier mouvement succède un adagio con moto – climax émotionnel de l’œuvre – qui se déroule comme une caresse sous les doigts du pianiste. Il nous enveloppe dans une volupté sonore jusqu’au point final de la partition.
La deuxième partie consacrée à Schumann démarre sur les Scènes d’enfants, miracle de précision et de délicatesse. Le pianiste se fait tout aussi bien poète que conteur dans ces miniatures et nous entraîne dans les royaumes nostalgiques de l’enfance. Rien d’anecdotique dans l’interprétation de Volodos, qui atteint l’état de grâce. Maîtrise absolue des plans sonores, de tous ces enchevêtrements schumanniens, pour nous livrer ces pièces dans tout leur éclat. Le poète parle s’enchaîne à merveille avec la Fantaisie, voyage dans les tréfonds de l’âme schumanienne. Rarement on aura entendu cette partition jouée avec une telle maîtrise, et ce souffle épique constant jusqu’à un dernier mouvement en lévitation. Le pianiste nous donne à entendre tous les contre-chants et voix intermédiaires, donnant un éclairage encore plus profond, plus complexe de la partition.
On en ressort bouleversé et heureux.

Crédit photo : Marco Borggreve/Sony Classical