Voici quelques merveilles à écouter sur la route des vacances. Et si vous ne partez pas, ces disques vous feront voyager au-delà de l’été.

JONAS VITAUD, Beethoven 1802, Mirare

Le jeune Beethoven, atteint de surdité, s’effondre en 1802 dans une terrible crise lors d’une année charnière de sa vie créatrice et personnelle, en venant même à rédiger le fameux « testament d’Heiligenstadt ». Avec une hauteur de vue remarquable, Jonas Vitaud rend hommage aux œuvres singulières nées cette année-là. Sous ses doigts, l’humour et la grandeur transfigurent les Variations « Eroica », l’angoisse et la rêverie dominent la Sonate « La Tempête », jouée ici d’une façon bouleversante. Un grand disque.

FLORE MERLIN ET RAPHAËL JOUAN, Sérénade, Vierne, Boulanger, Debussy, Fauré, Initiale

Associé à l’orgue, Louis Vierne (1870-1937) est aussi l’auteur d’admirables pages de musique de chambre. Le violoncelliste Raphaël Jouan s’est pris de passion pour sa Sonate pour violoncelle et piano et a bâti autour d’elle un programme « français », avec la complicité de Flore Merlin – qui joue un splendide Erard de 1903. Leur interprétation est aussi noble qu’éloquente et l’on ne résiste pas davantage à leur interprétation sensible des rares Trois Pièces de Nadia Boulanger. La Sonate de Debussy est fantasque à souhait tandis que la Sérénade op. 98, et la Sonate n°2 de Fauré, au lyrisme ample et naturel, offrent des compléments idéaux à ce récital.

LAURENT CABASSO, Toccatas de Bach, Paraty

Pianiste discret, Laurent Cabasso quitte le répertoire des xixe et xxe siècles pour se tourner vers les rares toccatas de Bach, son premier disque consacré au « père de la musique ». Ces sept œuvres de jeunesse rayonnent à travers la vitalité d’un jeu lumineux, à l’expression subtile, baigné dans la clarté de la sonorité de l’Opus 102, un piano aux cordes parallèles créé par le facteur Stephen Paulello. Une virtuosité sans démonstration galvanise les Toccatas BWV 913 et 914 tandis que le lyrisme inattendu des adagios fait s’entremêler grâce mozartienne, pathos beethovénien et chant schubertien, comme un clin d’œil aux générations à venir.