Réputé pour la préparation aux concours d’entrée des conservatoires supérieurs, le conservatoire à rayonnement régional (CRR) de Toulouse se distingue par une offre pédagogique singulière, portée par l’enthousiasme d’une équipe dévouée.

Chaque année, nombreux sont les étudiants pianistes à passer les concours d’entrée aux Conservatoires national supérieur de musique de danse de Paris (CNSMDP) et de Lyon (CNSMDL). Or, les places sont rares, avec en moyenne chaque année dix à quinze étudiants reçus à Paris, un à trois à Lyon. Ces concours font donc l’objet d’une concurrence redoutable entre des élèves d’excellent niveau venus de tout l’Hexagone et de l’étranger. 

Au sein du paysage des conservatoires à rayonnement régional (CRR) en France, celui de Toulouse se démarque par des résultats particulièrement importants à ces concours, avec en 2022 quatre étudiants qui intègrent le CNSMDP. Plusieurs éléments structurels peuvent expliquer cette réussite.

Un volume hebdomadaire de cours supérieur à la moyenne

La première spécificité du CRR de Toulouse, c’est d’offrir aux élèves une heure de cours individuel par semaine, dès la première année, soit le double du volume traditionnel. Réparti en deux fois trente minutes en premier cycle, ce volume horaire permet aux élèves de voir leur professeur tous les trois à quatre jours. Une manière de renforcer le suivi de l’enseignement de l’élève débutant : « On peut corriger une position inadéquate ou une mauvaise habitude beaucoup plus vite et la contrôler régulièrement. L’apport est considérable », résume Michel Crosset, directeur de l’établissement. Par la suite, les élèves bénéficient d’un cours hebdomadaire d’une heure, permettant un travail plus en profondeur des sujets. Ce volume horaire est dispensé jusqu’au cours préparatoire supérieur où il gagne trente minutes en deuxième année pour atteindre une heure trente de cours individuel par semaine. 

Conservatoire à Rayonnement Régional (CRR) de Toulouse

Crédit photo : Sophie Lauby

Un encadrement rigoureux

Le conservatoire de Toulouse mise sur une sélection importante dès l’entrée en première année. Ainsi, en 2021, 18 places étaient proposées pour 180 demandes, tous niveaux confondus (dont 90 à 100 débutants), soit 10 % d’admis. « Lorsque l’on a sa place, c’est qu’on la mérite », résume Michel Crosset. Les débutants reçus ont par ailleurs une période d’essai de trois semaines afin de déterminer leur motivation et leur intérêt pour l’instrument, suivie d’une à deux années de probatoires avant d’intégrer le premier cycle. À la fin de celui-ci, les débutants ont ainsi cinq, voire six années de piano derrière eux, soit des cursus plus longs que la moyenne. Et Michel Crosset de rendre compte des résultats : « Lorsque je suis arrivé à la tête de cet établissement, j’ai eu ma première grande révélation en écoutant des élèves de fin de premier cycle. Je connaissais le niveau des conservatoires supérieurs équivalents et j’ai vu la différence avec celui de ces élèves. C’était incroyable. » À cela s’ajoute un contrôle systématique du travail des élèves deux fois par an, avec en fin d’année la présence d’un jury extérieur pour l’examen final. « Ce n’est pas un contrôle qui vise des sanctions, mais un retour avec une écoute extérieure, avec d’autres professeurs de piano que celui de l’élève, sur le travail, les progrès, les choses à améliorer, les encouragements nécessaires », confie Laurent Molines, enseignant de piano.

Un collège dans un conservatoire

Une troisième spécificité pour le conservatoire de Toulouse est d’héberger les locaux du collège pour les étudiants en classes à horaires aménagées. Pour les élèves concernés, le conservatoire devient ainsi leur lieu d’études toutes disciplines confondues. Un environnement de travail qui favorise la proximité avec la pratique artistique et l’imprégnation de la musique au quotidien. Pourtant, avec sa pédagogie tournée vers l’excellence, ce CRR peut parfois être jugé « élitiste » par certains. Or, du point de vue de l’établissement, il s’agit d’une part de défendre la nécessité d’être compétitif vis-à-vis des étudiants étrangers qui se présentent aux concours « avec un bagage énorme ». Et d’autre part, d’avoir l’ambition de former les élèves à ce qui constitue pour Laurent Molines la réalité d’un métier. « Il ne faut pas cacher aux élèves que s’ils veulent faire ce travail, il faut se donner les moyens de le faire », confesse-t-il, appuyant son propos en citant les grands noms du piano d’aujourd’hui passés par l’institution : Bertrand Chamayou, Adam Laloum ou encore Nathanaël Gouin. Une intention insufflée dans une direction mettant en avant l’engagement du corps enseignant (onze professeurs en piano) et la motivation des élèves, créant un cercle vertueux… et de bonnes notes aux concours