Voici une exploration profonde de la forêt imaginaire de Schumann. L’immense beauté du son ne laisse aucune place à la dureté. Quelle délicatesse dans ce toucher perlé, à travers lequel le chant des Kreisleriana s’élève au-dessus d’un paysage luxuriant ! Mais la retenue ne cède pas entièrement à la spontanéité de ces œuvres. Si le respect que la pianiste apporte au texte est également défendu par Perahia et Anda, ces derniers parviennent à saisir chaque nuance, chaque relief, auxquels une prise de son favorisant les aigus fait ici obstacle. Le propos de Yeol Eum Son s’attache à un monde rayonnant et raisonné dont la beauté plastique tâche d’apprivoiser une imagination sans borne