« On a produit des vidéos Youtube en famille »
La pandémie a-t-elle précipité votre retour à Tokyo ?
Ce n’est pas la seule raison. Il y a quelques années, j’ai tenté d’obtenir le poste de pianiste à l’Orchestre national de Lyon. Nous étions quatre en finale. Je n’ai pas été retenue. Alors, à la fin de mes études au CNSM de Lyon, j’ai tenté le 3e cycle de Paris en septembre dernier : au programme, Stockhausen et Petrouchka, de tête. À côté de la salle, des travaux au marteaupiqueur, beaucoup d’accidents dans mon jeu ! Je n’ai pas été prise. Mes études étaient finies, mes concerts en France, annulés, j’avais des projets au Japon… Pourquoi ne pas rentrer ?
Au concours d’Orléans en octobre, vous avez été primée. ll avait été décalé. Comment gère-t-on ?
Il devait avoir lieu en avril 2020. Juste après, j’avais un concert au Japon, puis, en mai, le concours de musique de chambre d’Osaka, finalement reporté en 2021. Et enfin, en juin, mon prix d’accompagnement à Lyon. Sans nouvelle d’Orléans, j’ai acheté un billet pour le Japon. Ensuite, le concours a d’abord été annulé, puis reporté deux semaines après celui du 3e cycle de Paris… Tous ces changements, mentalement, c’est difficile.

Crédit photo : Didier Depoorter
Votre partenaire pour Osaka participe au Concours Chopin…
Ses sélections d’avril ont été décalées à juillet prochain. Le premier tour débutera normalement en octobre. À notre dernière répétition, inquiète, je lui ai demandé comment il s’en sortait. Bien, visiblement, il a plus de temps pour préparer !
Vous travaillez beaucoup en famille…
Mon père dirige, compose et joue du piano. Ma sœur chante, danse et filme, elle a étudié à New York. Mon frère est ingénieur du son. Pendant la pandémie, on a produit des vidéos YouTube, pour toucher aussi un public non mélomane, ce qui m’importe beaucoup. Et j’ai monté avec ma sœur une comédie musicale…
Les concerts ont-ils repris au Japon ?
Depuis que je suis rentrée, j’ai pu jouer à plusieurs occasions. Avec et sans masque. Il y a du public même si les jauges sont souvent réduites de moitié. J’écris beaucoup d’arrangements pour deux pianos : beaucoup de possibilités de répertoire et on respecte les distances en remplaçant l’orchestre. Pratique !
Propos recueillis par Rémi Bétermier