La brillante pianiste évoque un Rachmaninov à la personnalité introvertie et spirituelle, dont l’oeuvre est imprégnée par la liturgie orthodoxe, la poésie et la nature.

Qu’est ce qui vous a attiré vers Rachmaninov ?

J’ai découvert très jeune Rachmaninov, par ses interprétations en tant que pianiste. Il m’a marquée par son élégance, sa finesse, J’ai ensuite abordé sa musique par les Vêpres et la Liturgie de saint Jean Chrysostome. L’âme de Rachmaninov et sa musique sont imprégnées par la liturgie orthodoxe.

Vous étiez connectée avec l’esprit de sa musique avant de jouer ses œuvres ?

Ce n’est pas la manière la plus habituelle par laquelle on se tourne vers son oeuvre. Mais pour des raisons culturelles et d’affinité personnelle, c’est à travers l’interprète et l’oeuvre chorale que j’ai découvert son univers. Je pense que cela a profondément enrichi ma vision de la musique russe, mais aussi de ses créations orchestrales et chorales qui sont des jalons merveilleux du répertoire.

Crédit photo : Caroline Doutre

Comment comprendre Rachmaninov ?

C’est beau et intéressant de voir à quel point Rachmaninov s’est livré dans des entretiens. Il nous donne ses sources d’inspirations, la poésie, d’abord, Pouchkine, Shakespeare, Lord Byron. Son admiration pour la nature, celle de sa Russie originelle mais aussi celle qui l’entoure tout au long de sa vie. Il se questionne sur la place de l’art à cette époque, à l’heure des progrès technologiques de l’enregistrement. Il livre aussi ce qu’il pense de la relation entre la composition et l’interprétation, et comment il envisage la transmission de ses interprétations via l’enregistrement dans le futur. Il a à l’esprit de donner des lignes sans cloisonner la liberté de futurs interprètes.