Le pianiste argentin donne à Paris un concert en diptyque où, face à celles de Schumann et de Chopin, les œuvres d’Albéniz et de Debussy exhalent des parfums d’Espagne.
Comment avez-vous conçu le programme de votre récital ?
Il y a deux îlots – l’un bâti autour de l’univers sonore réunissant Chopin, Debussy et Albéniz, l’autre à l’opposé du premier où s’imposent les Études symphoniques de Schumann. Les quatre cahiers d’Iberia, que je venais d’enregistrer, ont été une révélation pour moi, qui suis venu assez tard à la musique espagnole. Je voulais tisser un dialogue entre le paysage ibérique d’Albéniz et l’extraordinaire évocation de Debussy dans ses Estampes, notamment La Soirée dans Grenade. C’est une vision de pur génie quand l’on sait que Debussy n’a jamais connu l’Espagne ! Quant à Chopin, il fait sonner un piano debussyste dans sa Polonaise-Fantaisie, une véritable œuvre du futur, la plus incroyable qu’il n’ait jamais écrite !
Ces œuvres font jaillir des images particulièrement vives…
La genèse d’une interprétation provient d’une symbiose entre notre imaginaire et le tableau sonore d’une œuvre. Dans la Polonaise-Fantaisie s’élève une image sublimée de la Pologne de Chopin, un pays qui n’existait plus que dans ses rêves. Cela crée d’emblée un climat dans lequel naît notre interprétation, qui sera à son tour façonnée par nos idées. Les Études symphoniques, elles, mettent en relief une richesse psychologique sous-jacente à travers ses variations très différentes. La structure est colossale, le piano est orchestral. Cette profondeur, jamais atteinte auparavant dans l’œuvre de Schumann, marque un véritable aboutissement stylistique.

Crédit photo : Jean-Baptiste-Millot
Les concerts représentent-ils pour vous un aboutissement ?
Le concert est le fruit d’un long processus dont nous ne sommes pas toujours conscients des étapes, tellement les œuvres évoluent même quand nous n’y pensons pas. Mais le concert est aussi une aventure qui peut nous offrir des révélations inattendues sur scène. Il faut être prêt à les saisir. C’est toute la beauté de notre métier.
Sélection Disco




Récital au Théâtre des Champs-Élysées
Le 10 juin à 20 h.
Au programme :
Chopin Polonaise-Fantaisie, op. 61.
Debussy Cloches à travers les feuilles, Et la lune descend sur le temple qui fut, Poissons d’or, extraits d’Images, Livre II.
Albéniz Iberia, Livre II (Rondeña, Almería, Triana).
Schumann Études symphoniques, Variations posthumes, op. 13