« J’ai des objectifs clairs qui me motivent »
Vous terminez votre licence au CNSM de Lyon. Comment fonctionne l’établissement aujourd’hui ?
Depuis près d’un an, sur un mode réduit. En septembre, on a repris les cours d’instrument et de musique de chambre. Malheureusement, les cours théoriques en groupe sont en distanciel. On peut venir travailler dans les salles mais les jauges sont réduites. Plus aucun spectacle n’est ouvert au public, ils ont lieu en huis clos. Nous, étudiants, pouvons y assister.
Avec les autres représentants délégués, vous avez récemment réalisé une enquête…
Les résultats sont à prendre avec des pincettes, comme une majorité d’étudiants n’a pas participé. Mais, la situation semble difficile : précarité financière, manque d’inspiration dû à la fermeture des salles de spectacle, poids du distanciel… La sensation d’isolement revient souvent, tout comme celle de se sentir perdu par rapport au cursus et à l’insertion professionnelle.
Que perd-on dans les cours en visioconférence ?
En instrument : les nuances, le timbre, les couleurs. Tout dépend des conditions d’enregistrement. Pour les cordes, le vibrato passe très mal. À titre personnel, le seul problème que j’ai rencontré, c’est de devoir jongler entre présentiel et distanciel. Au conservatoire, il n’existe pas encore d’endroit pour suivre un cours avec son ordinateur tout en participant. Cela force à rentrer chez soi, ce qui peut occasionner des
soucis d’organisation.

Crédit photo : Amandine Lauriol/Académie Jaroussky
Quand avez-vous joué devant un vrai public pour la dernière fois ?
Le 3 novembre. Dans un Ehpad, via l’association Live Music Now.
Et en conditions réelles de concert ?
En décembre, à l’académie Jaroussky dont je suis cette année pensionnaire. C’était dans la grande salle, sans public, en captation vidéo. Une seule prise rediffusée sur leur site. J’ai espoir, avec des concerts prévus au printemps au Petit Palais et à la Seine musicale, qu’on retrouve des conditions normales. Aujourd’hui, heureusement, j’ai des objectifs clairs qui me motivent. Car tenir, psychologiquement, ce n’est pas toujours facile.
Propos recueillis par Rémi Bétermier