C’est une vraie émotion de lire ces dernières pages qu’André Tubeuf, qui nous a quittés en juillet dernier, a consacrées à Franz Schubert.
Dans ce petit volume publié à titre posthume, l’écrivain, critique et musicologue, connu entre autres pour ses essais sur Mozart, Beethoven, Wagner ou encore Rubinstein, déambule en connaisseur dans l’œuvre du compositeur.
On y entend résonner ses lieder, ses sonates et ses quatuors à cordes, au gré des réflexions de l’auteur : ici une analyse du motif de l’eau dans son œuvre (Mer calme, À chanter sur l’eau), là une remarque sur sa mélancolie et sa solitude toutes romantiques (Winterreise), là encore une exploration de son rapport à la mort, qu’il exorcise en la rendant « amie » (La Jeune Fille et la mort).
Au fil des pages se dessine la figure d’un pianiste « au toucher magique », d’un compositeur de génie dont le Quinzième « est peut-être le dernier mot en matière de quatuor », d’un artiste complexe et tourmenté, éminemment solitaire, dont la musique résonne pourtant pour Tubeuf comme une « inépuisable capacité de consolation ». Car dans cet ouvrage profondément intime apparaît aussi en filigrane l’immense amitié que Tubeuf a pour Schubert : « un frère », « une main qui tient la mienne, la tire doucement».
L’émouvant hommage d’un grand mélomane à celui qu’il n’aura cessé d’appeler « mon ami Franz ».

✔ André Tubeuf
Schubert, l’ami Franz
Actes Sud 2021, 192 p., 19 €