Entre Luberon et Haute-Provence, le domaine Les Davids accueille en été Les Estivales du Haut Calavon. À l’initiative de Sophie Leclerc, propriétaire des lieux, et sous la direction artistique de Renaud Huberlant, le festival fait rayonner la région en des moments de convivialité culturelle.
La rivière provençale le Calavon prend sa source sur la montagne de Lure et s’écoule vers le massif du Luberon. C’est ici, au creux d’un vallon protégé, que s’étend le domaine viticole Les Davids. Ouverte sur les vignes et les monts alentour, l’immense terrasse du chai aux cuves tulipes en béton et fûts en chêne forme l’écrin des représentations des Estivales du Haut Calavon.
Avec la complicité de Christian Girardin, directeur musical d’Harmonia Mundi, la musique s’invite aux échanges culturels du festival avec un programme et des artistes issus du label.
Vaguant d’une dégustation commentée à une rencontre littéraire ou à un débat philosophique, le public se laisse entraîner par des concerts en fin de journée.

La terrasse du chai du domaine Les Davids ©SDP
Marc Mauillon, Anne Le Bozec, Tanguy de Williencourt, Bruno Philippe, Julien Libeer et Lorenzo Gatto ©SDP / Jelmer de Haas
Le piano se fait poète : Anne Le Bozec et Marc Mauillon
Le récital « au bord de l’eau » ouvre les festivités musicales le 24 juillet. Anne Le Bozec et le Marc Mauillon naviguent d’une mélodie de Gabriel Fauré à une autre. La voix claire du baryton, émise simplement, porte haut les mots des poètes en une diction ciselée, tel un conteur. Sous les doigts à la délicatesse infinie de la pianiste, le piano se fait aède et chante lui aussi, suggérant ici les agitations de l’eau, là le bercement d’un bateau sur les vagues…
Le piano se fait ami : Tanguy de Williencourt et Bruno Philippe
Le 28 juillet, le pianiste Tanguy de Williencourt et le violoncelliste Bruno Philippe proposent en concert des œuvres écrites par de grands claviéristes : la Fantaisie, op. 73 de Schumann, la Sonate pour violoncelle et piano, op. 65 de Chopin, Romance, op. 69, Élégie, op. 24 et Papillon, op. 77 de Fauré, ainsi que la Sonate pour violon et piano (arrangée pour violoncelle) de Franck.
C’est l’occasion pour les deux musiciens de nous plonger dans les souvenirs qui fondent leur amitié, glanant au cours de cette soirée quelques madeleines du passé. Le violoncelliste au son particulièrement lumineux éblouit le public, tandis qu’aux détours d’un discours musical d’une grande tendresse, le pianiste complice instille aux œuvres sobriété et lyrisme par un jeu qui déploie tantôt une légèreté gracile, tantôt une intensité enfiévrée.
Le piano se fait rival : Julien Libeer et Lorenzo Gatto
Le 31 juillet, le violoniste Lorenzo Gatto et le pianiste Julien Libeer se réunissent pour deux siècles de « musique endiablée pour violon et piano » de Mozart à Ravel. La Sonate pour violon et piano n°25 de Mozart met à l’honneur le pianiste dont on appréciera tout particulièrement l’égalité du toucher gracieux et la clarté du jeu. À cette pièce technique, suit une frivole Sonate pour violon et piano n°2 de Prokofiev, mettant davantage en valeur le violon. La rivalité entre les deux instruments se creuse avec Ravel qui estimait que le piano et le violon étaient incompatibles. Sa Sonate pour violon et piano n°2, ébouriffante, semble pourtant les réconcilier au cœur même de la virtuosité. Le programme s’achève sur Tzigane, œuvre du compositeur dans laquelle Lorenzo Gatto et Julien Libeer s’illustrent par une vélocité à toute épreuve.

Vue du domaine Les Davids : 320 hectares de vignes, abricotiers, oliviers, champs de lavande… ©SDP
Où la convivialité règne
De domaine viticole, Les Davids deviennent le temps du festival une terre d’accueil, de partage et de plaisir où la convivialité règne. Sur le clavier, comme les vrilles de la vigne, des rencontres s’entrelacent. Le piano a tissé le fil musical d’un dialogue enchanteur entre les artistes et le public, prenant tour à tour la figure de l’ami, du poète, du rival, des ondoiements de l’eau et des agitations de l’âme.
Les Estivales du Haut Calavon, du 24 juillet au 9 août.